Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 11 juillet 2017 à 21h30
Renforcement du dialogue social — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

et que, pour ma part, elles me conviennent. Mais il a commis deux erreurs d'ordre philosophique.

Tout d'abord, quand nous parlons d'aliénation, nous ne l'entendons pas dans le même sens : le travailleur étant subordonné, sa condition est particulière, et c'est contre cette subordination qu'il peut organiser d'autres rapports. Nous ne croyons pas à l'individualisation des rapports sociaux. Cela nous sépare, c'est vrai. Nous, nous croyons que le peuple se constitue en tant que tel politiquement, et la classe ouvrière en tant que classe à partir de ses revendications communes et donc de son organisation syndicale. C'est une affaire de philosophie politique et donc de ligne stratégique. C'est pourquoi je dis à mon collègue qu'il ne s'agit pas de crypto-marxisme : « crypto » veut dire « caché », alors que je ne me cache pas. J'appartiens à l'école philosophique du matérialisme dialectique historique, c'est clair. Je m'en revendique.

Et puis, il ne s'agit pas de la post-lutte de classes : la lutte de classes est un fait, elle a lieu autour de l'appropriation des richesses. Warren Buffett, milliardaire bien connu, a dit : « Je ne sais pas si la lutte de classes existe, mais je sais qui est en train de la gagner : la mienne. »

Par conséquent, ce dont nous avons à discuter ici, ce n'est pas de l'existence ou non de la gravitation universelle ou de la lutte de classes, mais de savoir comment on fait de ce fait social un fait politique civilisé, c'est-à-dire qui ne dégénère pas en bataille rangée ou en une situation où l'un aurait une domination absolue sur l'autre. Voilà pourquoi nous sommes républicains et socialistes. Voilà toute notre histoire, celle qui va de Jaurès à la proclamation des syndicats. Lisez les chartes, lisez leurs déclarations de principe, cher collègue ! Ce que je dis n'appartient pas à Jean-Luc Mélenchon, c'est écrit dans leurs déclarations de principe – au moins celle de Force ouvrière et celle de la CGT. Savez-vous que ces organisations sont toutes deux issues de la Charte d'Amiens dont l'objectif, écrit en toutes lettres, est « la grève générale révolutionnaire » ? Vous avez noté que ce n'est pas ce que je vous propose.

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