Intervention de Josy Poueyto

Réunion du mercredi 5 juin 2019 à 16h40
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJosy Poueyto :

C'est à M. Yannick Jadot qu'il faudrait vous adresser !

Monsieur Michel-Kleisbauer, lorsque vous m'avez posé la question de l'intérêt des obus de précision, nous opérions sur des théâtres encore relativement ouverts. Il est vrai que depuis, le retour d'expérience de notre artillerie au Levant a mis en évidence la nécessité de maîtriser davantage nos effets, dans des environnements de plus en plus contraints. Nous avons utilisé, pour la première fois, des obus Bonus, suffisamment précis, mais encore insuffisants pour limiter les dégâts collatéraux. C'est pourquoi, la semaine dernière, j'ai demandé à Nexter de remettre sur le métier un projet d'obus de précision de 155 millimètres que nous avions entamé il y a cinq ans.

Quant au recrutement, Monsieur Favennec Becot, je ne peux pas partager votre constat pour ce qui me concerne, car l'armée de terre est la seule des trois armées à avoir atteint ses objectifs de recrutement en 2018. Certes, cela ne veut pas dire que tous les postes sont pourvus, mais nos taux de sélection sont satisfaisants.

S'agissant des engagés volontaires de l'armée de terre, nous n'avons pas tout à fait retrouvé le ratio de deux candidats pour un poste que nous connaissions avant 2015, mais presque. En outre, tout ce que nous avons mis en place pour faciliter le recrutement a beaucoup de succès, notamment autour des réseaux sociaux. Je citerai en exemple une vidéo que nous avons publiée sur les tests physiques appliqués aux hommes et aux femmes, qui démystifie nos exigences.

S'agissant du recrutement de sous-officiers, à Saint-Maixent, il est satisfaisant tant en qualité qu'en quantité. Nous avons d'ailleurs ouvert des classes spécialisées pour former des étudiants dans les spécialités pour lesquelles la concurrence au recrutement est vive. Par exemple, nous avons mis sur pied un BTS CYBER au lycée militaire de Saint-Cyr-l'École, dont la première promotion est sortie le 14 juin. Nous avons aussi ouvert un centre d'enseignement technique à Bourges, filière Bac Pro maintenance des matériels aéronautiques ; dans les deux cas, ces projets sont très prometteurs et, d'ailleurs, rencontrent d'ores et déjà du succès ; en témoigne le fait que nous avons trois candidats pour une place.

S'agissant du recrutement d'officiers, le nombre de candidats a encore augmenté d'un pourcent à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr comme à l'École militaire interarmes. En outre, je tiens à souligner aussi que, cette année, neuf polytechniciens choisiront l'armée de terre à l'issue de leur scolarité : c'est une véritable révolution !

En somme, j'ai toutes les raisons d'être satisfait de notre recrutement. D'ailleurs, la ministre des Armées l'a bien compris lorsqu'elle assistait hier au comité stratégique de l'armée de terre : l'armée de terre réussit à recruter et se tient prête à le faire encore davantage, pour le cas où le ministère pourrait accroître encore ses effectifs d'ici la fin de l'année et où les autres armées ne réussiraient pas à recruter autant que prévu.

L'ambition qui est la nôtre de peser dans les états-majors internationaux se heurte à une insuffisance de capitaines et de commandants. Le taux d'encadrement, pour ces deux grades, est de 12 % dans les armées britannique et allemande tandis que nous sommes, nous, bien en deçà de ce niveau. Si je ne suis donc pas forcément demandeur d'effectifs supplémentaires de militaires du rang, je suis en revanche favorable à ce qu'on amplifie le recrutement d'officiers.

S'agissant enfin de la mobilité des troupes, il est vrai que je ne suis pas très content de la transition entre le Transall, qui est en train de mourir, et l'A400M, pour une raison simple : si l'A400M est un avion exceptionnel en termes de transport logistique, il ne l'est pas du tout, à ce stade, en termes de transport tactique. Pour l'instant, on ne sait pas larguer de parachutistes autrement que par une seule porte – pour un avion qui devait quand même être un des meilleurs du monde ! Je m'en suis ouvert auprès des industriels qui travaillent sur l'A400M. Je leur prêterai des parachutistes le jour où ceux-ci pourront être largués par deux portes. Cette année, les chiffres en matière de capacités d'aérolargage seront sans doute les plus faibles des trois dernières années car nous sommes au point mort bas, entre la perte des Transall et l'attente de la montée en puissance de l'A400M. En revanche, vous avez parfaitement raison : l'A400M étant sur trajectoire, nous pouvons tous espérer qu'en termes de largage de matériel ou de personnel, il remplisse la mission qu'on attend de lui, sachant que la France est un des rares pays au monde qui fasse encore de la mise à terre par la verticalité. On l'a bien vu pendant l'opération Serval : une opération visant à s'emparer d'un aéroport et à évacuer des populations peut commencer par une manoeuvre d'assaut vertical.

Le deuxième point auquel nous sommes attentifs – et l'Afghanistan nous avait d'ailleurs un peu mis la puce à l'oreille – est celui des hélicoptères lourds. Si les Britanniques n'étaient pas à Gao, il nous manquerait un outil de projection lourd. S'il est illusoire de croire que nous allons acquérir des hélicoptères lourds, nous avons quand même des alliés qui en disposent, notamment les Espagnols, alliés extrêmement proches puisque nos brigades d'aérocombat sont très similaires. Si jamais, un jour, les Britanniques venaient à prendre un peu de distance dans la bande sahélo-saharienne, nous ferions appel à nos camarades espagnols. Je ne suis donc pas très inquiet s'agissant des voilures tournantes. Je le suis davantage s'agissant des avions.

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