Intervention de Général Jean-Pierre Bosser

Réunion du mercredi 5 juin 2019 à 16h40
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Jean-Pierre Bosser :

Pour moi, les défauts de jeunesse du Tigre étaient liés aux rivets des pare brises mais ont été corrigés. Il existe peut-être encore un problème de réflexion de la lumière mais Airbus Helicopters nous a, d'après les éléments en ma possession, proposé une solution qui a fait ses preuves en Australie et qui consiste à couvrir le pare-brise d'un film autocollant. Je réaliserai d'autres recherches et vous donnerai une réponse plus précise concernant ce sujet.

M. Lejeune, vous évoquez le plan Famille et, comme vous l'avez dit, la ministre des Armées a rappelé qu'il n'y a « pas de soldat efficace sans famille heureuse ». Les projets qui sont lancés dans chaque régiment de l'armée de terre sont souvent des projets ayant trait aux infrastructures et liés au plan Famille, qu'il s'agisse de la construction d'une maison des familles, de la réfection d'un foyer pour nos soldats ou de la mise en place du Wi-Fi. Mais il pourrait aussi s'agir de la construction d'un cinéma, structure qui existait auparavant et qui avait fait ses preuves. Pour moi, le succès du plan Famille repose avant tout sur le succès de la gestion de la mobilité. Certaines mutations ne sont aujourd'hui plus souhaitées par nos soldats et sont mal vécues. Au vu de la concurrence du secteur privé et de la nécessaire fidélisation, un de nos leviers demeure donc la mobilité. À ce titre, je vous encourage à recevoir en audition le directeur des ressources humaines de l'armée de terre afin qu'il vous présente les nouveaux projets mis en oeuvre dans le domaine de la mobilité. J'estime, en effet, qu'il ne faut plus muter par principe. Il faut, par exemple, mettre en oeuvre des logiques de bassin d'activité dans lequel nos hommes et nos femmes pourraient être affectés successivement, entre Suippes, Mailly, Mourmelon et Châlons-en-Champagne par exemple ou bien entre Pau, Bayonne, Montauban, Castres et Toulouse. Dans ces bassins, nos soldats peuvent faire carrière, changer de poste, progresser et avoir des responsabilités. Dans ce cadre, nous avons ainsi mis en place une « bourse aux emplois » qui consiste à proposer des postes et à laisser les intéressés s'arranger entre eux. Tout le plan annuel de mutation (PAM) ne se fera pas par les intéressés ni via ce système mais, cette année, c'est déjà entre 10 et 15 % du PAM qui aura été résolu par cette « bourse aux emplois ». C'est une petite révolution pour l'armée de terre qui est plutôt habituée à une logique verticale plus qu'horizontale mais cela fonctionne et évite certains désagréments. Une réflexion est également engagée concernant les mutations en région parisienne. En effet, il s'agit d'identifier le personnel qui souhaite y rester afin de ne pas le remplacer par quelqu'un qui ne souhaite pas y être muté. Il ne faut pas faire deux malheureux. Vous l'avez compris, pour moi, l'enjeu majeur du plan Famille est donc bien la mobilité

Pour le SNU, M. Thiériot, je voudrais vous rassurer et vous conforter dans l'idée que l'armée de terre est attentive et a été active dans la conception et dans la mise en oeuvre de cette première phase expérimentale. Durant toute la phase de mise en situation, les armées ont appuyé le recrutement des cadres via les délégués militaires départementaux. De plus, la formation des cadres, que j'ai évoquée, a eu un grand succès, tant aux Écoles de Saint-Cyr Coëtquidan qu'à Brétigny, succès reconnu par M. Gabriel Attal qui s'est rendu sur les lieux. L'investissement est également important dans le module « Défense et mémoires nationales » qui sera le module dispensé par les armées dans la phase d'internat. De plus, l'armée de terre prépare déjà activement la phase 2 et les stages qu'elle y proposera. En effet, nous y voyons une opportunité de rayonnement et de recrutement en présentant l'institution à ces nombreux jeunes à travers ce module. Nous aurons même peut-être plus de jeunes volontaires à l'engagement que de postes à pourvoir. Soyez donc parfaitement rassurés sur l'investissement de l'armée de terre.

En revanche, je souligne qu'il s'agit actuellement d'une phase expérimentale mais que, lors de la mise en oeuvre plus large du SNU, et ce dès l'année prochaine avec plus de 40 000 jeunes à encadrer, l'engagement de l'armée de terre ne doit pas aller au-delà de ce qu'elle est capable de faire. Cet engagement ne pourra pas être proportionnel à une telle échelle. À défaut cela ferait courir un risque dans le domaine de notre capacité opérationnelle et dans les domaines budgétaire et humain. Conformément à la volonté du président de la République, il s'agit de bien cloisonner ces deux missions.

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