Intervention de Jean-Philippe Nilor

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Nilor :

Monsieur le ministre, malgré votre brillante plaidoirie pour nous démontrer les efforts fournis par le Gouvernement, force est de reconnaître que les moyens humains, matériels et budgétaires affectés à la sécurité des Français sont notoirement et structurellement insuffisants. Et que dire de la situation des pays dits d'outre-mer et singulièrement de la Martinique ! Malgré l'explosion de la délinquance et des trafics de drogues et d'armes, les effectifs de la police y connaissent une régression inquiétante depuis des années.

Premièrement, un tiers des fonctionnaires en activité est en maintien, c'est-à-dire en âge de partir à la retraite. Ils peuvent donc, du jour au lendemain, faire valoir leurs droits à la retraite. Or on sait pertinemment qu'en l'état actuel des choses, ils ne pourraient pas être remplacés sur le champ.

Deuxièmement, les renforcements deviennent urgents, notamment auprès de la direction de la sécurité publique, où il manque une cinquantaine de fonctionnaires. C'est le cas également de la compagnie départementale d'intervention. Alors qu'elle comptait cent agents à l'origine, elle n'en compte plus que cinquante-sept : on peut donc parler de sous-effectifs chroniques. Et que dire de la PAF ! La Martinique est la troisième baie du monde, ce qui impose des moyens importants de surveillance ; or il nous manque quinze agents.

Je souhaite également appeler votre attention sur l'affectation des personnels de direction. Un chiffre est particulièrement éloquent. On compte 560 policiers en Martinique, dont huit commissaires : aucun d'entre eux n'est Martiniquais. Le fait que les formations se tiennent quasi exclusivement dans l'Hexagone pourrait expliquer cette rupture du principe d'égalité et de tels chiffres. En Martinique, les recrutements de commissaires s'effectuent sur la base de postes dits « très difficiles », alors même que le Gouvernement refuse à ce jour que la Martinique soit placée en zone difficile. Monsieur le ministre, pourquoi ces commissaires viennent-ils le plus souvent d'Afrique ? Cela banalise des méthodes d'un autre temps, particulièrement très mal vécues chez nous.

J'en viens à la question des mutations. Pour un fonctionnaire de Martinique qui passe son concours en Martinique, il faut attendre neuf ans pour être éligible à la mutation et au retour au pays. Or la généralisation des contrats de trois ans revient à exclure les fonctionnaires de police qui ont passé leur concours en Martinique. Bref, monsieur le ministre, quelles mesures concrètes entendez-vous prendre pour mettre fin à un fonctionnement vécu comme une discrimination supplémentaire au sein de la police en Martinique ?

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