Intervention de François de Rugy

Séance en hémicycle du jeudi 27 juin 2019 à 9h30
Énergie et climat — Article 1er

François de Rugy, ministre d'état, ministre de la transition écologique et solidaire :

Ce serait vraiment un rythme très soutenu.

Oui, monsieur Aubert, il est bon, en politique, d'avoir des priorités, mais on n'est pas obligé de n'en avoir qu'une. Pour notre part, la première est le climat. Aussi n'est-il pas question de fermer les centrales nucléaires pour construire des centrales thermiques à la place – c'est clair et net. La seconde est la diversification de la production d'électricité, car nous ne voulons pas être trop dépendants d'une seule technologie. Certains parlent de système électrique « résilient » : je n'aime pas beaucoup cette expression issue de la novlangue, mais elle signifie bien que nous devons être capables de nous adapter aux difficultés de telle ou telle filière en ayant plusieurs modes de production d'électricité – et il y va également, je l'ai déjà dit, de notre intérêt économique et industriel.

Nous entendons par conséquent conduire une double transition énergétique : la transition climatique, avant tout, et la diversification des modes de production d'électricité. Nous voulons y procéder de façon réaliste, donc progressive. Le changement sera profond et durable car on sait fort bien que quand on ferme des unités de production comme des centrales thermiques ou des centrales nucléaires, on ne les remplacera pas en un ou deux ans seulement. Il faut au moins dix ans, compte tenu de l'importance des investissements et du temps des procédures et de la construction, même pour des éoliennes. Et je ne parle pas du temps de construction d'une centrale nucléaire. Nous assumons donc notre position médiane : ni tout-nucléaire, ni zéro-nucléaire – nous ne prônons pas une sortie accélérée du nucléaire.

J'appelle votre attention sur deux points. Premièrement, c'est la responsabilité impérieuse du Gouvernement – c'est même, à mon sens, notre responsabilité collective – d'assurer la sécurité de l'approvisionnement électrique des Français. Cela vaut autant pour les particuliers que pour les entreprises.

Vous imaginez ce qui se passerait en cas de défaut : on se tournerait évidemment vers le Gouvernement, quel qu'il soit, pour lui reprocher d'avoir mené une politique conduisant à des coupures d'électricité. Cela serait considéré à juste titre comme inacceptable.

Deuxièmement, aujourd'hui, le montant des investissements faits dans les énergies renouvelables en France est extrêmement important, je le dis en particulier pour répondre à M. Lachaud. Ils sont évalués à 5 milliards d'euros par an pour le photovoltaïque et l'éolien. Ce sont des investissements privés. Certes, ils n'existeraient pas sans la prévisibilité que permet le tarif d'achat garanti, mais il s'agit bien de sommes colossales qui s'inscrivent dans la démarche de développement volontariste des énergies renouvelables en France. Voilà pourquoi je vous appelle à rejeter les amendements en discussion commune.

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