Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mardi 11 juin 2019 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Je pense qu'il faut de prime abord s'intéresser à ce qui pourrait être utile aux Afghans. Je suis davantage sur la ligne d'Alain David et je partage ses questionnements. Pour connaître un petit peu ce pays, ayant une fois participé à une réunion des gouverneurs des vallées afghanes, j'ai l'impression qu'il serait préférable de promouvoir l'émergence des « États-Unis d'Afghanistan », où chaque peuple, où chaque vallée, où chaque gouverneur de vallée pourrait jouer un rôle dans un modèle de démocratie ad hoc. Le modèle de la démocratie à l'occidentale ne semble pas correspondre à la situation du pays. L'élection d'un président de la république d'Afghanistan, qui n'existe pas, tout du moins dans la tête des Afghans, pose un véritable problème. Je pense que Jacques Maire a utilisé les bons mots. Cet accord est utile pour l'Europe. Dans cette optique, il ne me plaît pas. J'aurais préféré un accord utile pour les Afghans. Cela aurait été beaucoup plus satisfaisant. L'Afghanistan est un pays où il y a beaucoup de richesses naturelles. Comment seront-elles utilisées et au profit de qui ? Je souhaite que ces richesses ne soient pas exploitées au profit des pays limitrophes – la Chine est un pays limitrophe – ou des autres. C'est toujours dans l'intérêt des Afghans que je réfléchis. Et cet accord-là ne permet pas de nouer des relations internationales à même de favoriser la paix dans l'intérêt des Afghans. Il faut les aider à reconstruire leur économie pour que cela leur rapporte plus que la production et le trafic de drogue. En l'état les multinationales risquent de s'intéresser à l'Afghanistan pour y faire du profit, parce que la main-d'oeuvre n'est pas chère. L'exploitation des richesses ne va pas, ou peu, profiter aux Afghans, et se révèlera de toute manière inférieure à ce que rapporte la drogue. Il faut que l'Afghanistan se libère du narcotrafic qui permet également de financer les groupes terroristes. Il est important d'agir pour toutes ces raisons. Je pense aussi qu'il n'est pas envisageable de passer un accord avec un pays qui n'est pas en mesure de maîtriser son territoire. La France a joué un rôle extraordinaire en Afghanistan, j'avais rencontré sur place des gendarmes français qui formaient des gendarmes afghans. C'était une action noble de nos gendarmes, dans une période difficile, pendant laquelle nos soldats subissaient des assauts d'insurgés contre leur camp retranché. C'était là un travail minutieux au profit de la construction de l'État de droit. Cependant nous en sommes loin. Les relations et le respect des femmes, nous en sommes loin également. Il faut impérativement promouvoir l'éducation car c'est de cette manière que nous pouvons gagner. Nous avions une ancienne collègue, Mme Françoise Hostalier, députée du Nord, et qui n'était pas membre de mon groupe politique, qui ne cessait de travailler avec les femmes afghanes. Elle savait que l'éducation des jeunes filles était le principal vecteur permettant de faire évoluer ce pays, y compris culturellement. Je ne retrouve pas cela dans ce traité et je ne peux donc pas y souscrire.

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