Intervention de Christian Hutin

Séance en hémicycle du jeudi 4 juillet 2019 à 9h30
Protocole additionnel de nagoya-kuala lumpur — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Hutin :

Le protocole de Carthagène et le protocole additionnel de Nagoya-Kuala Lumpur sont une porte ouverte et laissent espérer des progrès. En France, nous aimons ouvrir des portes, et c'est une très bonne chose.

Le rapport évoque des risques majeurs d'atteinte à la biodiversité, notamment l'invasion de nos terres par ces plantes résistances – elles me font penser aux algues vertes – ou leurs effets sur les insectes non ravageurs.

En tout cas, le protocole est pleinement compatible avec les directives européennes. La France est d'ailleurs très en avance sur ces sujets : nous avons interdit les OGM en culture et en expérimentation. Nous sommes donc les plus libres et les plus objectifs du monde pour en parler.

Ne m'en voulez pas, je vais évoquer ma famille. Ce week-end, j'ai rendu visite à mes parents, âgés de 89 et 90 ans, dans leur campagne. Pensant au bon sens paysan, je suis allé voir mon cousin qui est cultivateur dans le voisinage, je lui ai montré le rapport de la commission et j'ai discuté du problème avec lui.

À mon étonnement, il m'a raconté un épisode de contagion récent – peut-être n'êtes-vous pas au courant, madame la secrétaire d'État. En Picardie, à deux kilomètres des champs que mon grand-père exploitait il y a plus de soixante ans, deux mille hectares ont été contaminés par de la caméline canadienne, une plante vieille de trois mille ans qui a subi de fortes modifications génétiques.

Or le principe de précaution et le dispositif de traçabilité ont très bien fonctionné. Le vendeur a contacté immédiatement l'ensemble des agriculteurs qui avaient semé le colza en cause. Il leur a conseillé de retourner le colza et de ne pas labourer, sans quoi les conséquences auraient été graves ; il y a eu une indemnisation. Néanmoins, certains cultivateurs, notamment des membres de la Confédération paysanne, ont refusé de le faire, et des discussions sont en cours.

Ce coin de campagne des Hauts-de-France a donc déjà fait l'expérience, il y a quelques mois, des situations que nous évoquons aujourd'hui.

À en croire le bon sens paysan de mon cousin, pour qui j'éprouve beaucoup d'admiration et d'affection, la graine de colza, plantée par ma grand-mère il y a quarante-cinq ou cinquante ans, remonte. Les graines contaminées remonteront donc un jour ou l'autre ; ce sera une réalité, même si elles constitueront une part mineure des cultures. On parle souvent du battement d'ailes du papillon qui fait changer le monde ; en l'occurrence, ce sera le petit univers de vie du ver de terre qui, quarante ans après, fera remonter les graines de colza OGM.

On joue donc un peu à l'apprenti sorcier, Der Zauberlehrling. Rassurez-vous, je ne ferai pas mon Bruno Le Maire :

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.