Intervention de Brigitte Liso

Séance en hémicycle du lundi 8 juillet 2019 à 16h00
Accord france-luxembourg sur le renforcement de la coopération en matière de transports transfrontaliers — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Liso :

La mobilité est un enjeu majeur pour les jeunes, les travailleurs et tous ceux qui souhaitent ou doivent se déplacer de manière ponctuelle ou régulière de l'autre côté de la frontière. En France métropolitaine, lorsque l'on est frontalier – ce qui est mon cas – , on habite dans une zone particulière où le mot « Schengen » prend tout son sens. On s'adapte en permanence aux règles de deux pays et on prend conscience des opportunités de part et d'autre de la frontière. Les accords de coopération sont essentiels pour améliorer notre quotidien.

L'accord que nous nous apprêtons à voter est inédit puisqu'il ne concerne pas un seul mais un bouquet de projets sur un territoire ayant cette particularité de voir 100 000 résidents français venir y travailler chaque jour. Ce flux quotidien a des effets significatifs sur la circulation aux heures de pointe sur les autoroutes A3 au Luxembourg et A31 en France et sur l'axe ferroviaire Metz-Thionville-Luxembourg qui est saturé.

Pour répondre aux exigences des zones frontalières et satisfaire leurs habitants, nous devons repenser et améliorer les transports.

Ce protocole est particulièrement important puisqu'il institue une politique ambitieuse et concertée de transports multimodaux pour répondre aux besoins de déplacements identifiés en France et au Luxembourg. Il concrétise ainsi la volonté politique forte de répondre aux enjeux de mobilité des personnes et des biens entre nos deux pays, tout en mettant l'accent sur l'importance de développer des transports alternatifs durables – un objectif que nous partageons tous, me semble-t-il.

Pour ce faire, l'accord prévoit des aménagements ferroviaires et routiers. En plus de satisfaire les besoins de nos travailleurs, le Gouvernement veut apporter une réponse à l'urgence climatique. La priorité sera dès lors donnée au transport ferroviaire : 220 des 240 millions d'euros prévus pour financer les aménagements seront affectés au rail, l'accent étant ainsi mis sur les transports les moins polluants. Les trains seront allongés pour accueillir plus de passagers tandis que les gares verront leur capacité augmenter.

Grâce à ce protocole, nous pourrons, à l'horizon 2028-2030, faire circuler aux heures de pointes dix trains par heure dans chaque sens. Cela constitue une réelle avancée puisque le nombre d'usagers sera ainsi multiplié par 2,5.

Quant aux aménagements dans le domaine routier, l'accord vise à promouvoir une mobilité plus durable en favorisant l'usage du covoiturage et des transports en commun sur l'autoroute Metz-Luxembourg. La voie qui sera réservée à ces deux modes de transport permettra de rendre les trajets plus rapides et, par conséquent, plus attractifs. Les personnes intéressées par le covoiturage pourront se mettre en relation par le biais d'une application. Les chiffres sont très parlants : actuellement, le taux d'occupation est de 1,2 personne par voiture, soit 250 000 sièges vacants tous les matins en direction de Luxembourg Ville.

Nous allons voter aujourd'hui un accord nécessaire. En effet, en incitant les frontaliers à utiliser le train, les transports en commun routiers ou le covoiturage, on améliore leur qualité de vie ainsi que la qualité de l'air qu'ils respirent. La mobilité devient plus facile, plus rapide, plus vertueuse.

De plus, en consolidant les réseaux primaires, on décourage l'utilisation des routes secondaires – un avantage certain pour les habitants des villages traversés chaque matin par des centaines d'automobilistes tentant d'échapper aux embouteillages dus à la saturation des axes principaux.

Ce protocole est un accord-cadre pertinent et indispensable pour les transfrontaliers franco-luxembourgeois. Le nombre de travailleurs français au Luxembourg continue de croître, créant ainsi de nouveaux besoins en termes d'aménagement, de financement ou de formation.

Étant élue d'une circonscription frontalière, je mesure l'importance de ces accords, qui doivent s'inscrire dans la durée, pour s'adapter constamment aux évolutions des deux pays. À l'avenir, il serait intéressant de conclure d'autres accords bilatéraux en considérant ces zones comme de territoires spécifiques, pour lesquels des aménagements sont nécessaires.

Je vous invite à voter en faveur de l'approbation du protocole afin qu'il entre en vigueur rapidement. Pour mémoire, la chambre des députés luxembourgeoise l'a ratifié en juillet 2018.

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