Intervention de Jacques Marilossian

Séance en hémicycle du lundi 8 juillet 2019 à 16h00
Accord de partenariat entre l'union européenne euratom et l'arménie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Marilossian :

… mes chers collègues, en tant que président du groupe d'amitié France-Arménie à l'Assemblée nationale, je me félicite que nous puissions examiner aujourd'hui cet accord de partenariat global et renforcé entre l'Union européenne, Euratom et la République d'Arménie. Vous le savez, l'Arménie est un petit pays qui est au croisement de plusieurs mondes, européen, russophone, turcophone, persan, asiatique, mais aussi arabo-musulman.

Vous le savez aussi, l'Arménie conserve aujourd'hui des liens historiques et politiques avec la Russie. Depuis le 9 octobre 2014, elle est également membre de l'Union économique eurasiatique. Elle a donc toute sa place dans les accords de coopération et d'échanges économiques avec l'Union européenne.

L'accord signé le 24 novembre 2017 prévoit une aide financière de l'Union européenne et définit quatre domaines de coopération : la bonne gouvernance et le renforcement des institutions, le développement économique et les nouveaux débouchés commerciaux, les politiques en faveur de la connectivité et les politiques en faveur du développement énergétique, de la protection du climat et de l'environnement, de la mobilité et des échanges entre individus.

L'hebdomadaire The Economist a désigné l'Arménie pays de l'année 2018. Le peuple arménien a effectivement agi collectivement, de manière responsable et pacifique, contrairement à ce que l'on peut observer dans le reste du monde. Le succès de l'organisation du sommet de la francophonie, qui s'est tenu dans la foulée de la révolution d'octobre 2018, doit également être salué. Je peux témoigner de l'extrême efficacité de l'organisation, et surtout du grand enthousiasme avec lequel nous avons été accueillis.

Le Premier ministre, M. Nikol Pachinian, est légitime et populaire. Élu Premier ministre par l'Assemblée nationale arménienne le 8 mai 2018, il a été reconduit à ce poste après la victoire incontestable de son parti et de ses alliés aux élections législatives anticipées du 9 décembre dernier.

Mais ce qui prime, c'est la sécurité de l'Arménie et de la région du Caucase du sud. Les titres Ier et II de l'accord encouragent l'Arménie à s'inscrire durablement dans la prévention et la résolution des conflits internationaux et régionaux. Oui, l'Arménie a besoin d'être soutenue, dans un cadre multilatéral. Dans ce domaine, la France a déjà contribué à l'intégration de l'Arménie dans les institutions européennes, notamment au Conseil de l'Europe et dans la politique européenne de voisinage. La France, qui copréside le groupe de Minsk, joue donc un rôle primordial dans les négociations en vue du règlement du conflit du Haut-Karabagh. Je salue, d'ailleurs, les efforts du Premier ministre Nikol Pachinian, depuis son élection, pour relancer le processus de paix avec l'Azerbaïdjan.

Les Arméniens ont aussi soif de justice. Le titre III de l'accord soutient la mise en oeuvre de l'État de droit et le fonctionnement des institutions. Parmi les points forts du programme du Premier ministre Nikol Pachinian, on compte, bien sûr, la lutte contre la corruption et le favoritisme. Il veut que des réformes irréversibles aient lieu, son objectif étant d'éviter que la corruption et l'oligarchie ne reviennent. Pour mener à bien cette mission, il peut se prévaloir du soutien massif du peuple arménien ; le soutien de l'Union européenne, que l'accord que nous allons ratifier concrétise, sera un signal fort pour la jeune démocratie arménienne.

J'ajoute que nous, parlementaires français, devons soutenir la République d'Arménie dans sa transition vers un système parlementaire efficient. Le groupe d'amitié France-Arménie de l'Assemblée nationale est très actif – je vous remercie, madame le secrétaire d'État, de l'avoir souligné. Dès cet automne, avec l'aide de la commission des affaires étrangères, nous poursuivrons le renforcement des liens avec nos collègues du groupe d'amitié Arménie-France.

Enfin, le développement économique de l'Arménie est essentiel pour le futur des Arméniens. Les titres IV et suivants de l'accord soutiennent, entre autres, le processus de réformes économiques et la bonne gouvernance fiscale. La croissance économique de l'Arménie est forte. Le commerce, les services, le bâtiment sont aujourd'hui des secteurs porteurs de l'économie. Les start-up arméniennes se multiplient, elles étaient d'ailleurs présentes cette année au salon VivaTech. Les centres de formation à l'informatique s'ouvrent aux plus jeunes – vous connaissez tous le centre Tumo à Erevan : son succès est tel qu'un centre Tumo a été inauguré à Paris cette année. L'éducation et la formation sont donc fondamentales pour le développement économique de l'Arménie. Le secteur des nouvelles technologies a besoin de scientifiques, mais aussi de juristes, de spécialistes en marketing et de gestionnaires. Saluons à ce titre les efforts menés par l'université française en Arménie, l'UFAR, qui forme des étudiants arméniens et développe la francophonie. Dirigée par le recteur Jean-Marc Lavest, elle projette aujourd'hui l'ouverture d'un nouveau campus à Erevan.

Comme le dit Nikol Pachinian, nous n'en sommes qu'au début de la révolution économique : il faut réduire la pauvreté et le chômage, augmenter les recettes, faciliter les affaires, garantir une concurrence juste et non faussée, et stimuler l'innovation et la croissance.

Madame le secrétaire d'État, madame le président de la commission des affaires étrangères…

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