Intervention de Annie Chapelier

Séance en hémicycle du lundi 8 juillet 2019 à 16h00
Protocole france-djibouti sur les compétences de la prévôté à djibouti — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

Le projet de loi dont la discussion nous réunit aujourd'hui est l'occasion de rappeler notre partenariat historique avec la République de Djibouti.

La France est attendue à Djibouti ; et la ratification de ce protocole est un acte de nature à sceller notre amitié et à fluidifier notre coopération future. Même si, à première vue, notre pays paraît plus investi au Sahel, il n'en reste pas moins proche de Djibouti depuis l'indépendance, et notre engagement dans la région se doit d'être croissant. Cette république est en outre un partenaire de longue date, comme en témoigne d'ailleurs ce texte, véritable engagement de confiance par lequel elle reconnaît la compétence des prévôts sur son territoire.

Notre présence est en outre unique en son genre, puisque le contingent français est, dans le pays, la seule force étrangère avec une présence familiale. La prévôté concerne donc non seulement 1450 soldats, mais aussi près de 400 conjoints et 700 enfants.

Les troupes françaises n'ont jamais quitté Djibouti : leur présence est un élément structurant de notre relation bilatérale. La France est d'ailleurs le seul pays à avoir signé avec Djibouti un accord de défense aux termes duquel elle s'est engagée à contribuer à la défense de l'intégrité du territoire de la république.

Lors de son déplacement dans la Corne de l'Afrique, le Président de la République, qui a commencé sa visite par Djibouti, a insisté sur notre partenariat stratégique et la profonde coopération qui nous unit dans le domaine sécuritaire et la lutte contre le terrorisme. Djibouti abrite notre première base militaire par la taille ; c'est un allié stratégique au coeur de l'arc de crise qui s'étend du Sahel au Moyen-Orient.

L'environnement régional est instable, qu'il s'agisse des crises ouvertes en Somalie – où le pays déploie un tiers des effectifs de son armée dans le cadre de la mission de l'Union africaine – ou du Yémen. Dans ce contexte, la présence française représente un soutien de poids pour la pacification de la région.

Djibouti est aussi le seul pays de la Corne à être francophone, ce qui est un élément non négligeable. Le français est, avec l'arabe, l'une des deux langues officielles du pays et les autorités djiboutiennes conservent un fort attachement à la francophonie même si celle-ci est en perte de vitesse. Djibouti est par ailleurs membre de l'Organisation internationale de la francophonie.

Notons que Mme Frédérique Vidal, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, accompagnait le Président de la République lors de son déplacement dans la région. Il y a effectivement des attentes fortes des jeunes Djiboutiens auxquelles nous avons répondu par un renforcement de la coopération en matière d'enseignement supérieur, de mobilité des jeunes, de formation des enseignants. Dans une région exposée à des influences religieuses radicales, la francophonie constitue en effet un vecteur important de notre influence, et son développement contribue à préserver les liens tissés par l'histoire.

Mais la francophonie, ce sont aussi des valeurs qui guident notre action, qui nous obligent et obligent nos partenaires. C'est un élément essentiel de la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l'homme, que la France entend représenter et veut porter.

Je ne m'étendrai pas sur la nécessité de renforcer notre partenariat économique dans cette région du monde où transitent 40 % des approvisionnements énergétiques et des échanges maritimes mondiaux.

Si Djibouti présente l'intérêt stratégique d'être situé sur le détroit de Bab el-Mandeb, l'un des corridors maritimes les plus fréquentés au monde, le pays est également handicapé par la faible disponibilité des ressources en eau, l'insécurité alimentaire et le déficit énergétique.

L'alimentation en eau a toujours représenté un véritable défi pour les populations et les autorités, même si un système transfrontalier d'adduction d'eau potable entre Djibouti et l'Éthiopie a pu être réalisé. S'agissant de l'énergie, nos entreprises, qui sont prêtes à investir dans la durée, veulent renforcer notre coopération en matière de développement des énergies renouvelables.

Djibouti est aussi particulièrement concerné par les conséquences du changement climatique, puisque le pays connaît une fréquence accrue des événements hydrologiques extrêmes. Sur cette question qui nous concerne tous, le Président de la République a annoncé la création d'un observatoire régional destiné à participer à la recherche. La République de Djibouti est donc, dans la région, un partenaire en matière de protection de l'environnement.

Vous le voyez, la signature de ce protocole entérine notre partenariat stratégique avec Djibouti et réaffirme la volonté de pérenniser notre présence dans la région. Plus qu'un symbole, sa ratification sera, je l'espère, le début d'une coopération encore plus riche avec cet îlot francophone, et nous permettra de combler les attentes du pays tout en continuant à promouvoir nos valeurs.

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