Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Séance en hémicycle du lundi 8 juillet 2019 à 16h00
Protocole france-djibouti sur les compétences de la prévôté à djibouti — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Vous l'avez dit, madame la secrétaire d'État : la portée de ce protocole n'est pas à surestimer. Néanmoins, nous sommes tous d'accord dans cet hémicycle pour dire que Djibouti est un pays à l'importance stratégique, y compris s'agissant d'enjeux qui dépassent la Corne de l'Afrique. Importance stratégique parce que ce pays est situé dans le détroit de Bab el-Mandeb où transitent 40 % des approvisionnements énergétiques mondiaux. Ce pays et ce détroit font donc l'objet de nombreuses convoitises, comme l'atteste l'implantation des bases militaires américaines, chinoises, japonaises ou allemandes.

Oui, les grandes puissances économiques mondiales ont compris l'importance d'étendre leur influence dans cette région au croisement de l'Afrique et de la péninsule arabique. Il est clair que la Chine, dont on connaît les ambitions en Afrique – au point de parler depuis de nombreuses années maintenant de Chinafrique – , voit en Djibouti un véritable hub vers le reste de l'Afrique et y investit massivement en infrastructures. Comme vous l'avez rappelé, madame la présidente de la commission, cet investissement s'effectue, pour Djibouti, au prix d'un endettement colossal auprès du dragon chinois.

La concurrence est donc de plus en plus rude à Djibouti où les grandes puissances se livrent à un jeu d'influences. Djibouti est un îlot francophone dans une Afrique de l'Est anglophone où la France est en train d'accroître son influence, comme l'a prouvé le récent déplacement du Président de la République à Djibouti, en Éthiopie et au Kenya, auquel j'ai eu l'honneur de participer.

Mais Djibouti demeure, malgré la présence que suscitent ces convoitises internationales, un pays vulnérable, notamment en raison d'un manque de diversification économique. J'ai donc salué, il y a plus d'un an, la décision du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement de maintenir Djibouti dans la liste des pays prioritaires destinataires de l'aide publique au développement française. C'est ce que rappelle le rapport de Monica Michel, dont je voudrais saluer la qualité.

La coopération française avec Djibouti en matière de défense est sans pareille. Il n'y a qu'avec la France que Djibouti ait conclu un accord de défense. Les forces françaises stationnées à Djibouti défendent l'intégrité du territoire, participent à la surveillance des espaces aérien et maritime et forment leurs homologues djiboutiens, et ce depuis l'indépendance du pays en 1977.

Si la présence militaire française est un élément structurant de notre relation bilatérale, je crois que la priorité donnée à Djibouti comme aux autres pays destinataires de l'aide publique au développement – dans le domaine social, climatique et même économique, à travers le programme Choose Africa – aura des répercussions sur la prochaine loi de finances. Notre relation bilatérale va s'élargir au-delà des questions militaires.

La commission des affaires étrangères a été saisie du projet de loi autorisant l'approbation du protocole relatif aux compétences de la prévôté conclu en mars 2017. Ce protocole est nécessaire car il met à jour un cadre juridique vieux de presque quarante ans. Cette base juridique actualisée fournira un socle solide pour pérenniser et renforcer notre partenariat stratégique avec Djibouti.

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