Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du jeudi 11 juillet 2019 à 9h30
Débat d'orientation des finances publiques pour 2020

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

J'ai fait une chronique des prévisions de déficit pour l'année 2020 : lors de la présentation du programme de stabilité 2018-2022, en avril 2018, il devait s'établir à 0,9 % en 2020 ; en juillet dernier, à l'occasion du débat d'orientation sur les finances publiques, il était annoncé à 1,1 % ; lors de l'examen du dernier projet de loi de finances, il atteignait 1,4 % ; lors de la présentation du programme de stabilité 2019-2022 voilà quelques mois, il s'élevait à 2,0 % ; et nous sommes aujourd'hui à 2,1 % ! Je ne sais pas ce qui se passera à la rentrée si nous poursuivons cette tendance : en moins de dix-huit mois, votre prévision de déficit a été multipliée par quasiment 2,5.

J'avais d'ailleurs dit en avril dernier, et je n'étais pas le seul, que vous abandonniez en rase campagne vos objectifs d'équilibre de nos finances publiques. Pas vous, monsieur le ministre de l'action et des comptes publics : vous les défendez, comme tout ministre du budget. En réalité, cependant, ils ne constituent plus du tout une priorité politique de votre Gouvernement !

L'histoire de ce débat d'orientation est celle de plusieurs divergences.

Nous divergeons d'abord structurellement de nos voisins européens. En 2022, nous serons le plus mauvais élève de l'Europe en matière de déficit structurel, derrière même l'Espagne et l'Italie. En cinq ans, entre 2018 et 2022, selon vos prévisions, nous accumulerons plus de 400 milliards d'euros d'écart entre nos déficits et les excédents allemands : c'est absolument colossal.

Une autre divergence inquiétante est celle qui se fait jour entre l'État d'une part et les collectivités locales et la sécurité sociale d'autre part. Aujourd'hui, le déficit de l'État représente 125 % du déficit global des administrations publiques. En 2022, ce sera 250 % ! On ne peut pas avoir d'un côté des efforts et des excédents, et de l'autre une stagnation du déficit de l'État à 3 %.

La divergence touche aussi notre dette publique. L'acte II du quinquennat, c'est surtout l'abandon quasi-total de votre ambition de réduction de la dette, ambition qui a été divisée par quatre. Vous vouliez réduire notre ratio de dette de 5,3 points de PIB ; maintenant, c'est 1,4 point. Dont acte – dont acte II, si je peux me permettre.

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