Intervention de Bernard Deflesselles

Réunion du jeudi 11 juillet 2019 à 9h25
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Deflesselles, rapporteur :

Loin d'être une boucle fermée, le cycle de vie des plastiques multiplie aujourd'hui au contraire les fuites en raison de nos choix collectifs, avec notamment un recours aux plastiques à usage unique. Ces choix ont pour conséquence une dissémination massive et diffuse dans l'environnement, facilitée par le sous-développement des infrastructures de gestion des déchets et leur exportation vers des pays plus « souples », qui aujourd'hui se ferment de plus en plus.

La pollution par les matières plastiques est en fait globale : même si parmi les dix fleuves qui charrient le plus de déchets en plastiques, 8 sont en Asie et 2 en Afrique. Les mers et océans n'ont pas de frontières, et aujourd'hui la majorité des déchets en plastiques s'accumule dans cinq « îles de plastique » : deux dans l'océan Pacifique, deux dans l'Atlantique et une dans l'océan Indien. La Méditerranée est considérée comme la sixième plus grande zone d'accumulation de déchets marins : cette mer ne représente que 1 % des eaux mondiales mais concentre 7 % de tous les microplastiques de la planète. Mer semi-fermée et forte d'une activité humaine intense sur ses côtes, la Méditerranée fonctionne tel un piège pour le plastique, au point qu'aujourd'hui 95 % des déchets en haute mer, sur les fonds marins et sur les plages de la Méditerranée sont des déchets en plastique. Les microplastiques y atteignent des niveaux records de concentration : 1,25 million de fragments par km2, soit près de quatre fois le niveau de l'une de ces cinq « îles de plastique ». Même les sédiments sont affectés, atteignant des concentrations de fragments de plastique parmi les plus élevées au monde : 10 000 par km2, selon une étude du Fonds mondial pour la nature publiée l'année dernière. La France est le cinquième pays qui déverse le plus de plastique dans la mer Méditerranée, avec 66 tonnes par jour, derrière la Turquie (144 tonnesjour), l'Espagne (126), l'Italie (90), et l'Égypte (77).

En outre, la pollution par les plastiques est multiforme : les atteintes à la digestion, à la reproduction et au système immunitaire menacent lentement mais sûrement la survie des espèces concernées. Les dommages aux habitats naturels sont eux aussi discrets, qu'il s'agisse de la détérioration de la qualité des sols par les boues issues des systèmes d'assainissement ou bien de la destruction des laisses de mer qu'entraîne le ramassage mécanique des déchets sur les plages.

La question est également celle des risques sanitaires, notamment chimiques, posés par les plastiques, avec des inquiétudes de plus en plus sensibles face aux données qui s'accumulent sur la présence généralisée de ces micropolluants dans l'environnement.

Enfin, il ne faut pas éluder non plus les risques économiques : le Programme des Nations Unies pour l'Environnement estimait en 2018 à 8 milliards d'euros l'impact économique négatif de la pollution des seuls océans par les plastiques.

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