Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 16 juillet 2019 à 21h30
Agence nationale du sport et organisation des jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Pour l'écologie, la santé, le sport, les services d'ordre, l'armée, l'éducation nationale, Pôle emploi : partout, la logique est la même. Il faut faire des économies sur le dos des Français en leur faisant croire que ce sont eux qui y gagnent.

Tout cela est connu, et votre nouveau monde n'a pas changé de langage. Le Président de la République ne s'en cache d'ailleurs pas quand il refuse de limiter la liste des sponsors en fonction de critères écologiques.

Où est donc passé le champion de la planète lorsqu'il s'agit de passer aux actes et d'interdire à Total d'étaler sa propagande, le jour venu, lors de cette compétition mondiale ? Ne pense-t-il pas qu'il y aurait là une occasion à saisir pour envoyer des signaux forts à ces milieux de l'argent qui n'ont que faire de l'avenir de la planète ?

L'article 4 du projet de loi est, de ce point de vue, particulièrement inquiétant. La totale liberté accordée au Comité international olympique pour décider de l'occupation des sites pendant les Jeux olympiques est inacceptable au regard du contrôle impératif que nous devons avoir sur les sponsors officiels.

Toutes les entreprises qui subventionnent les énergies fossiles et tous les marchands de malheur qui font leur beurre sur la fin du monde doivent être exclus de cet événement qui constituait pourtant autrefois – mais ce n'est qu'un lointain souvenir – un moment de concorde entre les peuples du monde.

Mais où est donc cette concorde dès lors qu'on déroule le tapis rouge aux pires transnationales qui détruisent partout nos conditions d'existence et qui prétendent à une place en vue de vendre des produits à ceux qui viendront voir les JO ?

Une fois de plus, nous vérifions ce triste fait : vous n'avez rien compris à l'ampleur des enjeux écologiques et des changements à venir. C'est toujours la même rengaine : l'écologie est partout dans les discours, nulle part dans les faits.

Il est pratique de se dire généralement écologiste et de ne rien faire dès qu'il faut choisir entre les intérêts de l'argent et ceux de l'humanité. L'article 4 est un énième exemple de la politique de l'autruche – une autruche toutefois étrangement fière d'elle-même – que ce Gouvernement pratique en matière écologique.

S'il y a un moment où l'humanité réunie pourrait symboliquement décréter l'urgence absolue en matière écologique, c'est bien les JO : elle le ferait en interdisant Total, BNP, la Société générale, Chevron – et combien d'autres encore – de publicité autour des Jeux et en les construisant à partir du sport et non à partir de l'argent roi.

Les deux problèmes majeurs du texte se répondent entre eux. D'un côté, vous démantelez l'État et la politique des sports, alors que celle-ci constitue pourtant l'un des héritages marquants de Front populaire et des conquêtes sociales arrachées dans l'après-guerre au patronat collaborationniste.

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