Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du mardi 11 juillet 2017 à 21h30
Renforcement du dialogue social — Après l'article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Madame la ministre, en fusionnant les instances représentatives du personnel, ce projet de loi a pour objectif de réduire leurs pouvoirs, dans la droite ligne des réformes conduites depuis quelques années et dont le résultat se constate sur le terrain : la mise en oeuvre de la délégation unique du personnel se solde par une baisse du nombre d'élus et du nombre d'heures de délégation, et par une raréfaction des réunions.

Une telle évolution porte évidemment atteinte au droit d'information des salariés et votre réforme va encore aggraver la situation en faisant de la fusion la règle et de la distinction des instances l'exception.

Permettez-moi de vous raconter une histoire, celle de nombreux salariés de l'industrie automobile de ma région, et de vous parler de l'aliénation au travail, sujet que nous avons évoqué tout à l'heure. Dans cette industrie, Toyota a exporté sa méthode d'organisation du travail, notamment le lean manufacturing, qui vise à augmenter la productivité des entreprises en chassant chaque temps mort, chaque geste inutile, chaque respiration, chaque instant de vie sur une chaîne de travail dans un atelier pour, en somme, réduire chaque ouvrier à un automate. L'objectif est d'éliminer tous les gestes, toutes les actions considérées comme n'apportant pas de valeur ajoutée. PSA, Renault, Toyota, les banques, les compagnies d'assurance suivent ce modèle, appliquent ces méthodes d'exploitation moderne de la force de travail visant à réduire le coût du travail.

Résultat des courses : dans l'industrie automobile, les troubles musculo-squelettiques n'ont jamais touché autant de salariés. Et ce, alors qu'un ouvrier touche 1 240 euros par mois après huit ans de travail posté. Dans ces industries, les salariés n'ont plus le temps de réfléchir ; ils ne savent plus ce qu'ils produisent, pourquoi ils travaillent. Ils ont besoin d'être informés. C'est pourquoi nous proposons par cet amendement de préserver autant que possible le droit d'information des salariés en créant une heure mensuelle d'information syndicale, à l'image de ce qui existe dans la fonction publique.

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