Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du mercredi 17 juillet 2019 à 21h30
Accords entre l'union européenne et le canada — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Il y a deux semaines, nous abordions avec vigueur – et beaucoup de réticence – les discussions autour de l'accord commercial avec le Mercosur. Cette fois, c'est le CETA qui s'inscrit au calendrier, ce qui constitue un nouveau coup de massue, sinon un coup de poignard, pour tout le secteur agricole.

Adopter le CETA, c'est accepter de fragiliser l'ensemble de notre filière agricole, spécialement l'élevage bovin. Si votre objectif était de parvenir à une mondialisation sauvage et au libéralisme roi, il est atteint.

La canicule s'abat depuis deux années consécutives sur ma circonscription de l'Allier. Pour cette saison seule, trois arrêtés de sécheresse ont été pris. Ces contraintes naturelles ont des effets néfastes sur les récoltes et l'élevage. Un traité comme celui dont nous parlons ne fera que fragiliser une filière déjà mise à mal par la concurrence féroce des produits importés.

Le CETA, véritable trahison pour nos agriculteurs, célèbre la culture de la quantité plutôt que de la qualité. Il oublie l'humain et l'animal au profit du bénéfice et du capital. Mais à quel prix ? Signer ce traité, et accepter une levée partielle des quotas d'importation de boeuf canadien, par exemple, c'est anéantir les perspectives de la filière française. C'est forcer nos agriculteurs à s'adapter et à produire en quantité industrielle, au détriment de notre culture de la raison et de la qualité. Quid de la souffrance des agriculteurs et des promesses de les aider ? Annoncer des déblocages de fonds, comme l'a fait le ministre de l'agriculture pour pallier la sécheresse, c'est bien ; penser à l'avenir et à la survie sur le long terme, c'est mieux.

Ratifier ce traité, c'est enfin et surtout perdre la main sur la chaîne de contrôle des produits importés. C'est perdre l'assurance d'une traçabilité exacte de la viande. C'est faire perdre de la valeur à nos indications géographiques protégées. Une telle perte de souveraineté et de rayonnement est inacceptable.

Je ne voterai donc pas le traité.

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