Intervention de François Geleznikoff

Réunion du mercredi 26 juin 2019 à 10h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

François Geleznikoff, directeur des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives :

Merci de me recevoir à nouveau pour évoquer la problématique des armes et de la propulsion nucléaires. J'ai eu l'occasion de faire devant vous une présentation de nos programmes l'année dernière, avant l'adoption de la loi de programmation militaire 2019-2025 (LPM).

Les ressources allouées à la direction des applications militaires (DAM) du CEA sur cette période nous conviennent relativement bien, au regard des actions que nous avons à conduire. En ce qui concerne l'exécution budgétaire en 2018, nous avons fini à peu près à l'équilibre, à 0,2 million d'euros près, sur environ 1,5 milliard d'euros en crédits de paiement.

S'agissant de 2019 et de 2020, les ressources de la DAM proviennent très majoritairement du programme 146, qui représente un peu plus de 90 % de notre budget dans le domaine de la dissuasion nucléaire, contre environ 6 % pour le programme 178, 3 % pour le programme 212, et quasiment rien pour le programme 144, « Environnement et prospective de la politique de défense », étant entendu que les crédits relatifs aux études amont sont compris dans les programmes que nous conduisons. Le montant total pour la dissuasion s'élèvera à 2,05 milliards d'euros en 2020.

Nous recevons également des crédits issus du programme 190, « Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durable », du ministère de la Transition écologique et solidaire, dans le cadre des opérations d'assainissement et de démantèlement, à hauteur de 78 millions d'euros en 2020 – ces ressources vont avoir tendance à diminuer à mesure que nous terminons l'assainissement des installations – et en provenance d'autres programmes au titre de la valorisation des compétences de la DAM, pour un montant, non négligeable, de 162 millions d'euros.

Nos crédits relèvent du titre 5 : ils incorporent les dépenses d'achats, celles de main-d'oeuvre et les taxes. Globalement, les dépenses de main-d'oeuvre représentent environ 16 % du budget de la DAM, soit un peu plus de 300 millions d'euros. Le reste concerne les dépenses d'achats, c'est-à-dire les contrats, qui sont très majoritairement passés avec l'industrie française – à hauteur de 98 % pour nos achats et nos travaux. C'est également une source d'emploi, presque exclusivement en France.

Nous avons demandé au ministère des Armées, via l'Observatoire économique de la Défense, d'évaluer ce que cela représente dans ce domaine : outre les 4 600 en contrat à durée indéterminée (CDI) (5000 incluant les CDD) à la DAM, les programmes qui nous sont confiés correspondaient en 2017 à 13 000 emplois au sein de la chaîne de sous-traitance, ce chiffre étant en augmentation au fil du temps.

La DAM, quant à elle, a pris la décision de réduire ses effectifs d'environ 9 % entre 2013 et 2016, conformément à l'évolution des programmes « armes nucléaires » et « simulation ». Nous allons inverser la tendance et reprendre les recrutements jusqu'en 2026, principalement en raison des besoins constatés dans les domaines des armes nucléaires et de la simulation du fait des évolutions prévues en termes de calendrier, ainsi que dans le domaine de la cybersécurité. En outre, les travaux de refonte d'une partie des installations situées à Toulon que l'on nous a demandé de réaliser nous amèneront également à embaucher.

Permettez-moi à présent de revenir sur quelques jalons majeurs que nous avons franchis depuis ma dernière audition.

En ce qui concerne le programme relatif à la tête nucléaire océanique (TNO), associée au missile M51-2, la totalité de la dotation a été mise à disposition de la Défense à la mi-2018. Nous sommes donc passés à la phase du maintien en condition opérationnelle, qui permet d'assurer, dans la durée, la garantie des têtes, leur sûreté et leur performance, y compris leur fiabilité. Nous continuerons donc à travailler sur la TNO au-delà des années 2030.

La tête nucléaire TN 75, qui équipe le M51-1, c'est-à-dire la première version du missile, a également fait l'objet d'une attention particulière. Outre la garantie de sa fiabilité, il nous a été demandé d'étendre sa durée de vie afin de reporter son remplacement et, à terme, celui de la TNO. Ce travail va se poursuivre dans les années à venir, avec de nouvelles extensions de sa durée de vie.

Je vous ai déjà parlé, lors de mon audition de 2018, du réacteur d'essais, le RES, qui sera dédié jusqu'en 2023 aux études sur la propulsion nucléaire. La divergence du RES, qui était attendue à la fin de l'année dernière, a bien eu lieu, au mois d'octobre. Ce réacteur, similaire à celui qui équipe le parc des sous-marins et le porte-avions Charles-de-Gaulle, permet d'accroître nos connaissances sur le comportement des combustibles de la propulsion nucléaire et la physique de fonctionnement des réacteurs, voire de tester quelques composants afin d'assurer une meilleure fiabilité. Malgré les difficultés qui peuvent exister dans l'industrie nucléaire française, ce réacteur à eau sous pression (PWR), installé à terre, témoigne des capacités industrielles françaises en ce domaine.

La refonte des installations de surveillance géomécanique de l'atoll de Mururoa a été un autre jalon majeur. Au bout de vingt ans, un certain nombre de capteurs commençaient à donner des signes de fatigue. Ce système nous sert à surveiller l'évolution de l'atoll, de manière à pouvoir alerter suffisamment tôt les populations si un gros morceau de massif corallien venait à s'effondrer dans le Pacifique et à provoquer un tsunami. Cela concerne directement les militaires qui surveillent l'atoll, mais aussi, et principalement, les habitants de Tureia, à un peu plus de 100 kilomètres. Le ministère des Armées a décidé la refonte des installations de surveillance, effective depuis le milieu de l'année dernière. L'atoll de Mururoa ne présente pas de signes d'instabilité, mais l'État a décidé de prendre cette précaution pour les populations.

Je vais maintenant vous présenter, à grands traits, les programmes sur lesquels nous sommes en train de travailler.

J'ai parlé de la TNO. En ce qui concerne la TN 75, nous continuons à travailler afin d'étendre sa durée de vie de quelques années, dans l'optique que j'ai indiquée. C'est un travail qui s'inscrit dans la longue durée : on a commencé à étudier cette tête nucléaire dans les années 1980, on a mis ses premiers exemplaires en service en 1996 et les derniers vont quitter le parc opérationnel au début des années 2030. Les programmes d'armements nucléaires portent ainsi sur 40 ou 50 ans. Nous conduisons des travaux sur les têtes océaniques futures en fonction des incréments du missile M51, et principalement en fonction des défenses auxquelles nos têtes nucléaires et la totalité des systèmes d'armes auront à faire face. Ce programme s'appuie très fortement sur nos capacités de conception mais aussi de simulation afin de pouvoir renouveler les têtes en optimisant leurs performances.

S'agissant de la composante aéroportée, nous avons mis en service depuis 2009 la tête nucléaire TNA, qui est associée au missile ASMPA (air-sol moyenne portée amélioré). Notre programme consiste prioritairement à étendre, là aussi, la durée de vie de cette tête, d'au moins cinq ans, toujours dans le même objectif. Dans le cadre d'une refonte à mi-vie de l'ASMPA, nous devons valider le fait que la TNA est capable de « supporter » des environnements mécaniques et thermiques plus « sollicitant » que dans la version antérieure de l'ASMPA. Nous ne voyons aujourd'hui aucun point bloquant en la matière. Nous regardons aussi – actuellement avec la DGA et nous le ferons un peu plus tard avec l'industriel concerné, MBDA – l'association entre une future tête nucléaire aéroportée et l'ASN4G, le futur missile qui remplacera à terme l'ASMPA. Nous en sommes au stade des études exploratoires visant à concilier l'ensemble formé par la tête et le missile, sachant que l'on attend une décision au sujet du lancement du programme au début de la décennie suivante.

Quant au programme « simulation », une première phase, qui a duré une vingtaine d'années, s'est achevée avec la mise en service du laser Mégajoule (LMJ) et de l'installation franco-britannique Epure, en 2014.

Outre les expériences que nous réalisons dans le cadre de la garantie des armes nucléaires, notre priorité pour le LMJ est de monter les faisceaux laser les uns après les autres : ce sera fait en 2020 pour la moitié d'entre eux. Nous augmentons en même temps notre capacité d'expertise grâce à des instruments permettant de mesurer davantage de phénomènes de physique. Nous avons fixé à 2025 la date d'achèvement du laser.

L'installation Epure, dont le but est de valider le fait que nos codes de calcul permettent de bien maîtriser l'implosion du plutonium, grâce à un explosif chimique, dans la partie primaire de l'arme nucléaire – l'amorce –, est déjà largement opérationnelle. Nous effectuons plusieurs expériences par an depuis 2014. Notre objectif, avec les Britanniques, est de passer d'un à trois axes de radiographie, ce qui permettra soit de voir l'évolution dans le temps – en prenant trois radiographies avec un écart inférieur à un millionième de seconde – soit de réaliser des mesures en même temps sur les trois axes afin de reconstituer l'implosion en trois dimensions. On pourra alors faire une comparaison avec les calculs 3D. Notre objectif est d'installer la deuxième machine de radiographie en 2021 et la troisième en 2022. Nous sommes très confiants, de même que les Britanniques, dans notre capacité à atteindre cet objectif à la date qui était prévue par le traité de 2010. Si vous le souhaitez, je pourrai évoquer la vision que les Britanniques ont de notre coopération.

Epure est une installation extrêmement précieuse pour qualifier les têtes futures et pour réaliser l'extension de la durée de vie des TN 75 dont j'ai parlé tout à l'heure. D'ailleurs, nos alliés américains veulent désormais créer le même type d'installation dans le Nevada d'ici à 2025 ou 2026. Notre premier objectif est d'avoir des codes de calcul d'une précision accrue. Il s'agit d'améliorer la modélisation et de renforcer la qualité du numérique pour la garantie des têtes nucléaires. Nous optimisons les codes de calcul une fois tous les 5 ans.

Le dernier point que je voudrais aborder à propos de la simulation concerne les calculateurs. Nous continuons à travailler avec Atos Bull pour concevoir ceux de la décennie 2020, qui seront labellisés « exaflopiques », c'est-à-dire qu'ils auront une capacité de calcul de la classe d'un milliard de milliards d'opérations par seconde. C'est vraiment très important : plus on optimise les modèles, plus on travaille en trois dimensions – au lieu de deux – et plus les outils numériques demandent de la puissance de calcul. Nous avons défini avec Bull un calculateur (baptisé EXA 1) dont une première partie sera mise en service en 2021 – le contrat correspondant sera signé dans les semaines qui viennent – et nous sommes en train d'entrevoir la génération qui suivra, dans cinq ou six ans.

Cela fait plusieurs générations de machines pour lesquelles on n'acquiert plus un seul gros calculateur à un moment donné. On « partitionne », c'est-à-dire que l'on acquiert plusieurs machines. Nous optimisons les calculateurs pour différents types d'application, et ce au-delà de ceux de la DAM et de la Défense. Cela permet à Bull d'être compétitif pour un panel de clients plus important. On acquiert des parties de machines qui sont davantage optimisées, secteur par secteur. Par ailleurs, il existe une évolution très importante des composants et des architectures des calculateurs au fil du temps : on a donc intérêt à ne pas se précipiter, mais plutôt à bénéficier progressivement de l'évolution des processeurs et de l'optimisation des structures des machines. Nous recevrons ainsi en 2023 la deuxième partie du futur calculateur EXA 1.

Cela nous permettra également, et je vais ainsi revenir sur la problématique de la souveraineté abordée lors de ma précédente audition, d'obtenir en 2023 des processeurs européens. En 2021, le processeur sera fabriqué par Intel ou de conception européenne, mais réalisé aux États-Unis. Dans ce domaine, notre volonté est de nous inscrire dans la durée. Quand je parle de processeurs « européens », cela fait référence à notre industriel, Bull, mais cela ne signifie pas que nous allons abandonner la coopération avec Intel.

Peut-être avez-vous lu dans la presse qu'en ce domaine, notre industriel s'est hissé au quatrième rang mondial, avec 5 % du marché, alors qu'il est parti « de zéro » en 2000. La dernière machine installée chez nous se situe au quatorzième rang mondial, et Bull compte une vingtaine de machines dans le « top 500 ». L'ensemble des acteurs est satisfait des performances ainsi fournies ; la DAM bien sûr, mais aussi le ministère des Armées, les acteurs de la recherche académique comme les industriels.

J'en viens à la question des matières nucléaires, qui sont considérées comme stratégiques, et dont nous assurons l'approvisionnement pour les armes et les chaufferies nucléaires.

Il s'agit, pour les armes, du plutonium et de l'uranium hautement enrichi en ce qui concerne la fission, et du tritium s'agissant de la fusion. Pour ce qui est des deux premiers matériaux, nous vivons sur notre stock. On recycle le plutonium et on le remet en forme d'un système d'armes à un autre. Il n'est pas nécessaire de recycler l'uranium enrichi, il suffit de le remettre en forme. Nous pouvons ainsi vivre indéfiniment avec les matériaux dont nous disposons dans le cadre du stock d'armements nucléaires de la France. En ce qui concerne le tritium, nous vivrons sur notre stock jusqu'à la fin de la décennie 2020, mais nous ne pourrons malheureusement pas recycler, car on perd la moitié de la matière tous les 12 ans. Nous serons donc obligés de recréer une infrastructure de production du tritium, comme il y a cinquante ans. Les trois grandes installations seront situées sur le site de Cadarache et sur celui de Valduc. Nous sommes actuellement en phase de développement, conformément au calendrier prévu. Le tritium est un matériau essentiel : sans lui, la taille de nos armes nucléaires serait prohibitive pour la dissuasion nucléaire.

Pour ce qui est de la propulsion nucléaire, nous utilisons de l'uranium faiblement enrichi. La France est le seul pays au monde à avoir choisi cette filière. L'avantage est que l'on peut utiliser le cycle civil, car il y a quasiment la même teneur isotopique en uranium dans les chaufferies des bateaux que dans le parc électronucléaire. C'est donc une solution duale et économique, et vous voyez bien toute l'attention qu'il faut porter, globalement, à la problématique de l'industrie nucléaire civile dans le contexte des besoins de la dissuasion.

Le programme qui est le plus d'actualité dans ce domaine est le Barracuda : il s'agit de remplacer les six sous-marins nucléaires d'attaque, pour lesquels nous allons fournir les chaufferies. Nous ferons diverger celle du premier sous-marin, le Suffren, à la fin de l'année. Puis nous fournirons une chaufferie de l'ordre de tous les deux ans et demi, en cohérence avec l'avancement des six bateaux, dont le processus est piloté par la DGA.

Le second programme nous projette dans l'avenir au-delà de 2035. Il concerne les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de troisième génération (SNLE 3G). Nous sommes en fin de phase d'avant-projet détaillé, en cohérence avec l'ensemble des bateaux : nous passerons en phase de développement au début de la décennie suivante pour la chaufferie et nous devrions commencer la fabrication en 2025.

En relation avec le besoin de fabrication du coeur de ces bateaux, sur le site de Cadarache, nous renouvelons, du fait des nouvelles normes de sécurité dont la sismique, une installation qui servait à fabriquer des combustibles pour les différentes chaufferies.

Un programme important nous a été confié, qui ne faisait pas partie des missions initiales de la DAM, mais pour lequel l'ingénierie que nous mettons en oeuvre dans nos installations a été reconnue comme qualifiée. Il consiste à renouveler une partie des équipements nucléaires de Toulon. La refonte des installations pour les sous-marins et le porte-avions est en cours ; nous nous coordonnons avec les autres unités sous une forte contrainte de temps car nous devons être prêts pour le prochain arrêt technique majeur du porte-avions Charles-de-Gaulle en 2027 et deux ans plus tard, pour l'arrêt technique majeur du Suffren, qui sera mis à l'eau dès l'année prochaine.

Nous effectuons ce travail en complète coordination avec le service des infrastructures de la défense (SID), notre objectif étant de lui passer le relais en 2027.

Un point important est que depuis le début des années 1990, nous vivons sur la même conception de chaufferie compacte K15, mise en oeuvre pour les SNLE de deuxième génération, puis sans grande modification pour le Barracuda ainsi que sur le SNLE 3G. Le besoin opérationnel ne demandait pas de grand changement sur ces chaufferies.

Mais cela signifie qu'au fil du temps, le nombre des architectes d'ensemble de ces chaufferies nucléaires, qui maîtrisent la totalité de leur conception s'amenuise. Cela fait déjà vingt-cinq ans que ces personnes ont oeuvré, et les effectifs des équipes de conception des chaufferies de TechnicAtome et de Naval Group (ex-DCNS à Indret) tendent, eux aussi, à s'amenuiser.

Nous n'avons pas de problème aujourd'hui, pour le maintien en condition opérationnelle des bateaux, de leurs chaufferies comme pour la définition du futur. Mais si nous ne renouvelons pas ces compétences, nous en serons privés dès les années 2030.

Cela se fera déjà sentir sur le maintien en conditions opérationnelles des chaufferies en service. Puis, il n'y aura plus les compétences pour le sous-marin d'attaque suivant.

Pour le renouvellement des compétences, il est important de pouvoir concevoir à nouveau une chaufferie compacte, ce qui permettrait de rependre tous les travaux de conception comme ceux mis en oeuvre il y a déjà vingt-cinq ans. En tout état de cause, les chaufferies du futur porte-avions seront plus énergétiques que celles du Charles-de-Gaulle. Les travaux de conception de cette chaufferie permettent donc de faire naître la nouvelle génération d'architecte et de compétences en conception. Cette chaufferie ne s'éloigne pas trop des chaufferies K15, cela nous laisse la capacité à en garantir les performances et le calendrier.

Le ministère des armées fait étudier l'option classique et l'option nucléaire pour ce futur porte-avions. La conservation des compétences sera un critère de choix avec les aspects opérationnels et de coût.

S'agissant de la sécurité et de la non-prolifération, notre pays lutte contre la prolifération des armes nucléaires et le terrorisme nucléaire. C'est le pendant de la dissuasion nucléaire.

Dans le domaine de la prolifération, le travail consiste à surveiller ce qui se passe de par le monde et en particulier les essais nucléaires pouvant être effectués par les pays que nous ne souhaitons pas voir actifs en la matière. Cette surveillance repose sur un réseau international mis en place par l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), auquel nous participons à hauteur de 24 stations réalisées sur les 321 du système global de surveillance, sur lesquelles 23 ont déjà été mises en service ; la dernière devant être terminée à la fin de cette année. La France sera ainsi le premier pays doté d'armes nucléaires à avoir rempli ses obligations vis-à-vis de l'OTICE.

Le deuxième domaine est celui de la surveillance des États. Le ministère des Armées fixe les priorités ; elles sont tous azimuts, mais deux pays figurent parmi elles, au premier rang desquelles la Corée du Nord, dont il faut s'assurer qu'elle ne se livre plus à des essais nucléaires, mais encore surveiller ses activités en matière de production de matières nucléaires leur permettant éventuellement de fabriquer des armes. Le second de ces pays est l'Iran, dans le cadre de la mise en oeuvre de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien, ou Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA), que la France a adopté avec plusieurs pays européens, la Russie et la Chine. Il s'agit de vérifier le respect de cet accord.

Outre le réseau de surveillance des essais, deux outils nous permettent d'effectuer cette surveillance. D'abord, nous recourons à la voie satellitaire grâce aux capacités à très grande précision que notre pays a développées. Ensuite, nous procédons à une analyse des plus fines des échantillons pouvant être recueillis, par exemple par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Nous atteignons dans ce domaine un degré de précision extrême, cela même lorsque les zones ouvertes à l'accès de l'AIEA ont été très nettoyées. Nous parvenons également à déterminer si ces particules ont été traitées par l'homme, et éventuellement dans quelle région ; il est donc particulièrement difficile d'échapper à cette surveillance.

Ainsi, dans le domaine de la lutte contre la prolifération, apportons-nous nos compétences à nos autorités politiques ainsi qu'aux autorités internationales.

De son côté, la lutte contre le terrorisme, nucléaire ou non, consiste à disposer de la capacité d'analyser tout colis présent sur le territoire national, et à définir les moyens de le neutraliser et d'empêcher qu'il produise, le cas échéant, de l'énergie nucléaire. Ce travail est conduit conjointement par la DAM et le ministère de l'Intérieur, sous l'égide du SGDSN. Dans ce cadre, il nous a été demandé d'accroître les capacités d'intervention pour les grands évènements nationaux (sportifs ou autres).

S'agissant de la défense conventionnelle, nous travaillons au profit de la DGA et des forces armées à évaluer les capacités directes ainsi que les effets collatéraux de toute munition susceptible d'être utilisée. L'objectif est de fournir aux forces amenées à intervenir le meilleur outil d'évaluation dès lors qu'elles ont à employer ces munitions, et aux autorités les moyens de prendre la meilleure décision.

Ce travail sur les armements conventionnels est comparable à celui que nous effectuons dans le domaine de la simulation pour des armements nucléaires ou dans différents domaines de physique, ce qui permet de bénéficier de la dualité nucléaireconventionnel.

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