Intervention de Joël Barre

Réunion du mardi 2 juillet 2019 à 17h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Joël Barre, délégué général pour l'armement :

Je commence par la guerre anti-mines. Le programme de système de lutte anti-mines futur (SLAMF) et les résultats de l'appel d'offres belgo-néerlandais sont deux choses différentes. Le programme SLAMF lancé en France est un programme incrémental, dont le premier incrément consiste à renouveler le système de guerre des mines mais pas les bateaux porteurs ; dans notre jargon, nous appelons cela une tool box. Il s'agit d'un système de drones dont la vocation est de détecter, d'identifier et de détruire les mines en évitant d'exposer nos marins dans ce genre de combat. La première de nos priorités pour cet incrément SLAMF, c'est la rade de Brest – inutile de vous dire pourquoi ! L'incrément n° 1 consiste donc à réaliser ce système de drones de lutte anti-mines pour assurer la protection de la rade de Brest, pour des raisons que vous avez tous en tête.

Nous avons décidé de ne pas renouveler les bateaux correspondants. Ces bateaux seront équipés du même système de drones mais cette fois-ci pour faire de la lutte anti-mines offshore. Nous ne lancerons ces bateaux qu'en 2022, pour une livraison en 2024. En revanche, nous voulons le système anti-mines de la rade de Brest pour 2022. Il est déjà en test depuis le début du mois de juin, précisément dans la rade de Brest. La priorité de ce besoin opérationnel est avérée, raison pour laquelle sa réalisation a été lancée il y a déjà quelques années.

Ce besoin associé à la dissuasion est tout à fait particulier par rapport au système belgo-néerlandais. Ce dernier n'a évidemment pas de besoin du type de celui que je viens d'évoquer. Les spécifications de besoin sont effectivement différentes : nos exigences sont supérieures en termes de performance comme en termes de délais. Notre propre système est en essai depuis juin de cette année et doit être lancé en réalisation en 2020 pour être livré en 2022. Le belgo-néerlandais correspondant doit être livré au stade expérimental en 2023 et doit ensuite faire l'objet de développements. De notre côté nous avons mené nos développements, nous sommes déjà en essai.

La deuxième différence tient à la maturité technologique, au calendrier entre les deux systèmes. Enfin, troisième différence, nous sommes en coopération avec les Britanniques. Nous avons prévu de mener à terme la phase prototype actuelle avec eux et de prendre une décision commune sur la suite de ce projet de guerre des mines au début de l'année 2020, laquelle correspond au dixième anniversaire du traité de Lancaster House. En résumé, les deux projets sont différents.

Vous me demandez comment capitaliser sur le résultat de l'appel d'offres belgo-néerlandais, remporté par Naval Group avec ECA Robotics. Il y a deux façons de procéder : tout d'abord, en se posant la question du bateau. Quand nous commanderons le bateau en 2022, il faudra voir ce qu'est devenu le projet du bateau belgo-néerlandais, qui comprend à la fois le système de guerre des mines par drones et le bateau porteur. Le bateau porteur belgo-néerlandais pourra-t-il répondre à nos besoins opérationnels ? Nous le verrons au moment du lancement du projet en 2022.

Ensuite, parce que la guerre des mines évolue régulièrement sur un plan technologique, comme tous nos systèmes, il faut suivre l'évolution technologique. Un projet est en train de se monter sur la guerre des mines dans le cadre de l'EDIDP (European defence industrial development programme) qui prépare le FED (Fonds européen de la défense). Pour les systèmes futurs, nous devrons faire converger le système de drones dédiés à la guerre des mines de Thales et ECA, dans le cadre du programme SLAMF, avec le système belgo-néerlandais ECA.

Différence de performances, différence de calendrier et de maturité technologique, priorité pour ce qui nous concerne à la dissuasion, coopération avec les Britanniques : ces deux projets ne sont pour l'instant pas en phase mais nous chercherons ultérieurement à les rapprocher autant que possible.

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