Intervention de Joël Barre

Réunion du mardi 2 juillet 2019 à 17h05
Commission de la défense nationale et des forces armées

Joël Barre, délégué général pour l'armement :

Vous allez un peu vite ! Il faut d'abord rapprocher les projets. Nous suivrons les évolutions du programme entre Thales et ECA, d'une part, et ce que ECA fera sur le programme belgo-néerlandais, d'autre part. Au fur et à mesure du déroulement de ce projet, nous verrons si un rapprochement peut effectivement être envisagé. Y aura-t-il un rapprochement industriel à terme ? Pourquoi pas, je n'ai pas d'a priori mais, pour l'instant, ce n'est pas d'actualité.

Ensuite, vous avez posé un certain nombre de questions ayant trait à l'innovation, qu'il s'agisse du développement durable, de l'énergie solaire ou de ce que peut apporter l'innovation dans le domaine du maintien en condition opérationnelle. Tous ces sujets sont désormais soumis à l'analyse de l'Agence de l'innovation de défense : c'est elle qui traitera ces nouveaux thèmes au fur et à mesure de l'émergence des besoins. L'intelligence artificielle, dans le cadre de la protection de nos soldats, irriguera quasiment tous les systèmes d'armes, quels qu'ils soient, y compris la détection de mines ; elle pénétrera progressivement tous les logiciels équipant nos systèmes d'armes.

Je suis moi-même très attentif aux moyens de DGA EV. Ce n'est pas parce que les avions que vous voyez à Cazaux vous donnent l'impression d'être bricolés qu'ils ne sont pas efficaces. Le 14 Juillet, lors du défilé aérien, nous ferons défiler le Fokker 100 de DGA EV : c'est la première fois qu'un avion banc d'essais de la DGA participera au défilé aérien : nous en sommes très honorés. Évidemment, nous souhaiterions disposer de Rafale ; je comprends très bien ce que vous disent les personnels de DGA EV. Une discussion est en cours sur la consolidation et le renouvellement des moyens d'essais de DGA EV. Mais vous imaginez bien que quand je demande un Rafale à l'armée de l'air pour faire des essais en vol à Cazaux, celle-ci me répond qu'elle a besoin de ses Rafale pour faire la guerre. C'est un sujet difficile et, en tout cas, le chantier est en cours. Nous progressons mais je ne peux pas encore vous en donner le résultat définitif. Soyez patients ! Sachez que je suis allé à Cazaux il n'y a pas très longtemps : on m'a présenté en détail la difficulté du dossier.

Concernant le soutien aux PME et aux start-up, RAPID consacre 50 millions d'euros par an à ce programme et cela continue. J'ai rencontré les PME de l'aéronautique au Salon du Bourget, tout comme j'avais rencontré les PME en général il y a quelques semaines : leurs représentants m'ont semblé satisfaits.

Quant à Definvest, nous enregistrons déjà cinq prises de participation depuis sa création, fin 2017. Cinq en dix-huit mois, c'est plutôt bien ! De plus, ce fonds intervient dans des domaines assez variés : cela va du nanosatellite d'UnseenLabs à l'optique de Fichou en passant par les composants de Kalray. Cela a bien fonctionné et couvre un domaine varié : à ce stade, c'est un succès.

L'instruction ministérielle IM 1618 apporte du changement : il faut donc l'accompagner. Nous avons présenté cette nouvelle instruction à quelque 3 000 de nos 10 000 salariés de la DGA : cela couvre un très bon échantillon. La démarche collaborative initiale est celle que nous avons mise en place pour le système de combat aérien du futur (SCAF) entre l'industrie, les armées et nous. Cela a donné des bons résultats puisque nous avons été capables de passer le premier contrat d'architecture SCAF en janvier dernier, malgré toutes les difficultés de la coopération. C'est un changement mais la logique est comprise : cela se généralise dans la préparation de nos programmes futurs.

Je n'ai pas lu l'article évoqué sur les deepfakes mais cela rejoint les thématiques de l'Agence de l'innovation de défense dont je vous ai parlé tout à l'heure. Cela fait bien partie des sujets sur lesquels l'Agence se penche. Notre premier dossier d'orientation et d'innovation de défense a été approuvé par la ministre en avril dernier. Nous continuons sur cette voie ; ces champs doivent être défrichés petit à petit et développés.

Concernant le Flyboard Air de Franky Zapata, au-delà des démonstrations que vous avez évoquées, je n'ai pas encore reçu d'expressions de besoins opérationnels de la part des armées qui pourraient donner lieu à une mise en place contractuelle de la part de la DGA.

Je découvre que RUAG Defence France serait en vente : je vais étudier cela de plus près et me renseigner pour savoir comment nous pourrions réagir à cette vente par la maison RUAG de l'activité défense France. Je suis bien d'accord avec vous pour dire que l'activité simulation est importante ; mais les prestations de RUAG Defence France dans ce domaine sont-elles stratégiques ? Cela mérite une analyse précise.

À propos des pellicules sur les hélicoptères d'Airbus Helicopters, nous avons un processus d'urgence opérationnelle pour ce genre de choses. Quand il apparaît aux armées un besoin opérationnel critique et urgent, et qu'il existe une solution rapide pour le satisfaire, nous mettons en place ce processus. L'État-Major m'écrit pour me dire qu'il voudrait telle chose le plus rapidement possible, nous répondons et, en général, nous intervenons assez vite. Nous sommes prêts à réagir. Je ne connais pas honnêtement la problématique que vous avez soulevée : faut-il trouver la solution du côté d'Airbus Helicopters ou dans l'industrie automobile ? Je ne sais pas vous répondre mais nous avons les outils permettant de traiter ce genre de situations.

Je ne sais que répondre également à la question de Mme Trastour-Isnart sur les clauses d'insertion des blessés dans les marchés : la DGA a une politique d'insertion des handicapés mais avons-nous un traitement particulier pour les blessés des armées au sein de notre industrie ? Je ferai une investigation complémentaire pour pouvoir répondre (3).

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