Intervention de Christophe Castaner

Réunion du mardi 16 juillet 2019 à 16h35
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur :

Il y aura un niveau de forces élevé, comme la semaine dernière. Je vous rappelle que 4 970 policiers ont été mobilisés, que les premiers ont pris leur service à 6 heures du matin et que les derniers ont achevé le leur à 4 heures le lendemain matin. C'est ce très haut niveau de mobilisation des forces de l'ordre qui a permis de limiter la casse sur les Champs-Élysées. J'ai fait la liste des dégâts. Même s'ils sont limités, je répète que je condamne la casse, quel qu'en soit le volume. Je condamne plus encore les atteintes qui ont été portées au drapeau français, par exemple à Toulouse, à l'occasion des quarts de finale.

Mme Chalas m'a interrogé sur le trafic de stupéfiants et sur la situation particulière de Grenoble. J'ai déjà exposé les grands principes du plan de lutte contre les stupéfiants que nous présenterons bientôt avec les autres ministres compétents et je ne veux pas entrer davantage dans le détail aujourd'hui, pour ne pas déflorer le sujet. Je tiens à signaler que Toulouse a adopté un dispositif assez intéressant pour lutter contre les stupéfiants. Cette approche territoriale est celle que nous voulons privilégier. Comme je l'ai dit tout à l'heure, il ne suffit pas de saisir des tonnes de cannabis – l'année dernière, on en a saisi 110 tonnes, sur un flux global de 500 tonnes. Il importe d'aller au plus près du problème, d'agir de la cage d'escalier jusqu'aux niveaux national et international. C'est vraiment l'idée centrale du plan que nous voulons mettre en oeuvre. L'enjeu essentiel, c'est l'information. Un dispositif a été lancé à Grenoble, qu'Émilie Chalas a évoqué et qui permet d'accroître l'information.

Madame Guerel, vous m'avez interrogé sur l'espace Schengen et sur la refondation du droit d'asile. Je serai, demain soir, à Helsinki pour discuter, avec mes partenaires européens, de la gestion des bateaux qui, en Méditerranée, demandent de notre part un effort de solidarité. Depuis que je suis ministre de l'Intérieur, pas un bateau n'a accosté à Malte sans que la France intervienne lorsque l'Europe l'a demandé. Nous nous engageons systématiquement à accueillir des réfugiés. La France est généralement le premier pays à intervenir, en envoyant une équipe de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), et la première à proposer des relocalisations. C'est cette méthode fondée sur la solidarité que je souhaite, avec mon collègue allemand, M. Horst Seehofer, présenter demain et faire valider au plus grand nombre de ministres de l'Intérieur européens. Je ne suis pas sûr qu'ils soient tous dans la même logique, mais c'est l'ambition que nous défendrons.

S'agissant de la refondation du droit d'asile, nous devons trouver un équilibre entre « plus de solidarité » et « plus de responsabilité ». La responsabilité, c'est celle des pays entrants. Ils sont responsables d'un certain nombre de missions, mais ils ont aussi une responsabilité vis-à-vis des demandeurs d'asile qu'ils ont enregistrés pendant une durée de six mois. Nous considérons que cette durée n'est pas suffisante et qu'il faut l'allonger : nous débattrons de cette question avec les autres ministres de l'Intérieur européens. En même temps, nous appelons à davantage de solidarité. Aujourd'hui, peu de pays acceptent de prendre part à l'accueil des réfugiés. Même si certains critiquent notre politique d'accueil, je pense que c'est l'honneur de la France. Il faut que davantage de pays européens fassent de même. C'est cet équilibre entre « plus de responsabilité » et « plus de solidarité » que nous voulons construire.

Plus globalement, une refondation de l'espace Schengen est nécessaire, parce que le système actuel ne fonctionne pas. Il faut le refonder pour assurer un vrai contrôle aux frontières extérieures et pour que la solidarité européenne soit effective, notamment vis-à-vis des pays de première entrée que sont Malte, la Grèce et, même si c'est moins le cas aujourd'hui, l'Italie. Nous devons être présents à leurs côtés et améliorer le fonctionnement interne pour lutter contre le mouvement secondaire irrégulier. Ce qui est problématique, aujourd'hui, c'est que la France est considérée comme un pays de rebond. Or il n'est pas logique qu'une personne qui voit son dossier instruit en Allemagne le fasse de nouveau instruire en France. Inversement, il n'y a aucune raison pour qu'une personne qui voit son dossier instruit en Espagne ou en France le fasse instruire une deuxième fois en Allemagne. Telle est la philosophie que nous voulons défendre, dans nos échanges avec nos partenaires européens.

Si vous en êtes d'accord, madame la présidente, je répondrai par écrit aux questions de Mme Stella Dupont, puisqu'elle n'est plus là, et je vous en adresserai une copie.

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