Intervention de Raphaël Gérard

Réunion du jeudi 20 juin 2019 à 9h10
Délégation aux outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRaphaël Gérard :

Merci, Monsieur le Président. Madame la ministre, dans votre propos liminaire, vous avez fait référence à la feuille de route ambitieuse qui est la trajectoire 5.0. Un des axes majeurs de cette trajectoire concerne la lutte contre l'exclusion et recoupe de fait un certain nombre de travaux que nous menons au sein de cette délégation avec mes collègues Laurence Vanceunebrock-Mialon et Gabriel Serville, puisque nous avons publié il y a un an jour pour jour un rapport édifiant sur les violences et les discriminations qui existent à l'égard des populations lesbiennes, gay, bi et transsexuelles (LGBT) dans les outre-mer. Ces discriminations sont souvent source d'exclusion, conduisant certains jeunes à s'exiler, certains étant plus brutalement encore mis à la porte du domicile familial par leur propre famille. Face à ces phénomènes de marginalisation, la réponse de l'État ne semble pas toujours à la hauteur, et particulièrement dans les territoires ultramarins. Comme nous l'avons souligné dans notre rapport, il nous paraît important de libérer la parole des victimes. Plusieurs mesures ont été présentées par Marlène Schiappa dans le cadre du plan national d'urgence contre les violences anti LGBT. Parmi elles, la mise en place de référents LGBT dans les commissariats de police ou de gendarmerie. On voit que, sur le territoire hexagonal, on est confronté à une insuffisance de la formation reçue par ces référents LGBT quand ils existent, phénomène qui s'amplifie du fait de l'éloignement géographique des territoires ultramarins. L'association KAP Caraïbes, par exemple, en Martinique, souligne également un vrai besoin de communication officielle de la part des forces de police et de gendarmerie pour inciter les victimes à déposer plainte. Un autre exemple se manifeste à travers la ligne d'écoute projetée aux Antilles ne trouve pas sa concrétisation du fait de la difficulté à identifier un portage associatif solide aux yeux de l'État.

Ces différents constats posent la question des moyens alloués aux associations de lutte contre la haine anti-LGBT outre-mer, moyens très fragiles et qui reposent essentiellement sur deux dispositifs, dont les financements apportés par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH). Cependant, l'enveloppe allouée est faible. Par exemple, à La Réunion, le montant alloué au soutien de l'ensemble des projets de lutte contre tous types de discriminations, et pas seulement les discriminations LGBT, est de 10 000 euros par an, ce qui est très faible. Cela représente 30 000 euros en Guadeloupe pour l'ensemble des différents types de discriminations. En outre, la DILCRAH ne peut pas subventionner aujourd'hui les projets de fonctionnement, d'où la difficulté à accompagner des projets dans la durée.

L'autre source de financement est la FDBA, dont la création a eu un impact positif. Malgré tout, je citerai les 5 000 euros obtenus par l'association OriZon, qui a permis d'inaugurer un espace à La Réunion, et des subventions qui restent malgré tout assez faibles sur le territoire de la Guyane où le refuge qui accueille des jeunes en rupture familiale ne bénéficie que de 8 400 euros. J'aimerais connaître les pistes envisagées par le gouvernement pour prendre à bras-le-corps la question de la lutte contre les LGBT-phobies en outre-mer et consolider les financements qui apparaissent nécessaires.

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