Intervention de Jean-Christophe Niel

Réunion du jeudi 27 juin 2019 à 9h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Christophe Niel, directeur général de l'IRSN :

– Il est vrai que le tritium est l'un des rares radionucléides dont les rejets augmentent, en raison de deux phénomènes. La volonté de l'autorité de réduire le volume des rejets a conduit les opérateurs à engager beaucoup d'actions. De ce fait, les rejets de la plupart des radionucléides ont beaucoup diminué depuis une vingtaine d'années. Le tritium, quant à lui, est très difficile à piéger, et il est donc, pour l'essentiel, relâché. Le mode de gestion du combustible conduit à en utiliser davantage, et donc la quantité de tritium augmente. Comme il y a de moins en moins de radionucléides, et de plus en plus de tritium, il se voit encore plus.

Voici quelques années, suite à des travaux scientifiques et à des études en Angleterre, l'IRSN a mené des recherches sur les différentes formes de tritium. Elles ont conduit à changer le poids potentiel du tritium d'un facteur deux dans l'impact. Cela étant, les niveaux mesurés aujourd'hui dans la Loire par l'association ACRO, de 310 becquerels par litre, sont très inférieurs au seuil de référence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), fixé à 10 000 becquerels par litre. Sachant que la valeur d'entrée dans le système de radioprotection est d'un millisievert, pour atteindre cette valeur, il faudrait boire deux litres d'eau tous les jours, contenant du tritium à 75 000 becquerels par litre. Il n'y a donc pas d'enjeu sanitaire.

Il n'en reste pas moins que si l'on compare cette valeur à l'ensemble des valeurs mesurées depuis très longtemps, elle est atypique.

L'IRSN fait des mesures en aval des centrales. Notre méthode est différente de celle de l'ACRO, qui est un organisme sérieux, agréé par l'ASN au titre des mesures. L'ACRO a fait des mesures ponctuelles à un endroit et à un moment donné. L'IRSN fait des prélèvements toutes les dix minutes, rassemblés semaine après semaine, de façon à obtenir une moyenne mensuelle. Nous faisons une moyenne dans la durée. Dans ces conditions, il est normal que les mesures de l'IRSN et de l'ACRO diffèrent, en plus ou en moins.

Néanmoins, la mesure relevée par l'ACRO est inhabituelle, et doit, pour cette raison, faire l'objet d'une recherche pour comprendre l'origine du phénomène, même en l'absence d'enjeu sanitaire. L'IRSN y travaille. Je peux difficilement m'engager sur une date précise. Pour rester prudent, je dirais quelques semaines. Mais je le répète, il n'existe pas d'enjeu sanitaire.

Concernant la question du lien chronologique avec la loi énergie et climat, je n'ai pas de réponse.

S'agissant de l'eau potable, les mesures de l'IRSN sont effectuées dans les rivières. Les mesures d'eau potable sont de la responsabilité du ministère de la Santé et des agences régionale de santé (ARS). Nous sommes sollicités régulièrement en appui de ces organismes pour des questions de potabilité de l'eau, mais nous ne faisons pas de suivi régulier systématique aux points de prélèvement.

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