Intervention de Jean-Christophe Niel

Réunion du jeudi 27 juin 2019 à 9h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Christophe Niel, directeur général de l'IRSN :

– Les effets de la chaleur sur les centrales nucléaires sont multiples. Le premier est environnemental. Une centrale nucléaire doit être située au bord de l'eau, car il lui faut une source froide. C'est un principe de thermodynamique. L'eau est prise puis relâchée. Sur les centrales dotées d'aéro-réfrigérants, l'échauffement de l'eau relâchée est faible, mais pour les centrales qui n'en disposent pas, la température de l'eau peut augmenter de quelques degrés. Ces rejets sont encadrés réglementairement, pour protéger la faune et la flore. En cas de température trop élevée, cette réglementation pourrait aboutir à l'arrêt du réacteur.

Un deuxième aspect concerne la sûreté nucléaire. Les matériels utilisés dans les installations sont conçus pour résister à un certain niveau de température. Au-delà, ils pourraient dysfonctionner, le constructeur ne garantissant pas leur bon fonctionnement, notamment pour l'électronique. Il y a donc des niveaux de température à ne pas dépasser dans les installations nucléaires.

Un troisième aspect porte sur l'étiage. Si le niveau d'eau baissait trop, le réacteur pourrait être en incapacité de se refroidir.

À la connaissance de l'IRSN, il n'existe pas, à ce jour, d'effet direct de la canicule sur le fonctionnement des installations. L'épisode de chaleur d'août 2018 a eu des effets sur certaines centrales, qui ont alors dû réduire leur production. Ce n'est pas le cas cette année, notamment parce que cette canicule arrive vraiment trop tôt. Enfin, je l'ai déjà évoqué, dès les premiers épisodes importants de chaleur en 2003 et 2006, nous avons engagé une démarche générale de sûreté.

Concernant les projets européens de recherche, en réponse aux questions sur le HCÉRES, j'ai indiqué que l'IRSN est très impliqué avec les acteurs de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Europe. Suite à l'appel d'offres dont les résultats viennent d'être publiés, l'IRSN est présent dans huit des treize projets retenus. Nous sommes leaders de l'un des projets sur les conséquences des accidents radiologiques de type Fukushima ou Tchernobyl, avec injection de réactivité (RIA).

L'IRSN est également présent dans des projets relatifs aux petits réacteurs modulaires SMR (Small modular reactors), aux réacteurs à sels fondus, aux données nucléaires, aux démantèlements, et aux nouvelles approches en radiothérapie. Enfin, l'IRSN participe au programme EURAD (European Joint Research Programme in the Management and Disposal of Radioactive Waste) relatif aux déchets radioactifs, piloté par l'ANDRA, qui est le plus important de cet appel à projets.

Notre succès tient à plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'IRSN est un acteur important, de par ses productions, sa taille et les champs qu'il couvre. Ce n'est pas sans effet sur les résultats d'un tel appel d'offres. Ensuite, nous avons une stratégie internationale, dont l'Europe constitue l'axe prioritaire, que ce soit dans le domaine de la recherche ou de l'expertise. Nos outils sont reconnus, par exemple l'outil de simulation des accidents ASTEC (Accident Source Term Evaluation Code). Enfin, nous connaissons bien nos interlocuteurs.

Ces projets vont nous apporter 2,7 millions d'euros de financements, ce qui n'est pas négligeable. Mais ces appels d'offres deviennent de plus en plus compliqués, pour deux raisons : les budgets de recherche se réduisent, et ils attirent de nouveaux acteurs. C'est le cas, par exemple, sur le risque incendie, où l'on voit maintenant apparaître des acteurs non spécifiques, alors qu'auparavant il s'agissait surtout d'organismes de notre sphère.

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