Intervention de Jean-Christophe Niel

Réunion du jeudi 27 juin 2019 à 9h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Christophe Niel, directeur général de l'IRSN :

– D'autant plus que sur ce sujet, il existe une spécificité française : l'ASN a des responsabilités techniques sur les équipements sous pression.

Concernant les deux rapports publiés à la demande de la CNDP, celle-ci nous a indiqué, suite à des échanges entre sa Commission particulière du débat public (CPDP) et certains acteurs, qu'elle souhaitait apporter des informations complémentaires au dossier de la maîtrise d'ouvrage, correspondant aux deux rapports mentionnés.

Comme je l'ai dit, le rapport sur les alternatives au stockage en couche géologique profonde est un recensement effectué par l'IRSN, non une position de l'IRSN sur la pertinence ou l'opportunité. Il s'agit vraiment d'une recension. Ce travail original est traduit en anglais. Nous avons travaillé sur des sources ouvertes, notamment de l'AIEA, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et des agences nationales similaires à l'ANDRA.

Six grands axes ressortent de cette recension : la séparation-transmutation, le stockage par forage, l'entreposage de longue durée, le stockage des déchets sous la glace, au fond de l'océan, et dans l'espace.

Pour des raisons techniques et éthiques, ces trois dernières options ne sont plus explorées. Pour le stockage dans l'espace, la limite technique est la fiabilité du lanceur. Pour le stockage au fond de la mer, il existe deux options, notamment à l'endroit où les plaques se rejoignent, pour que les déchets soient absorbés sous les plaques. Concrètement, ce n'est pas aussi simple...

Il reste les trois premières options, qui continuent à faire l'objet d'études : la séparation-transmutation – à cet égard, cet après-midi, le prix Nobel de physique, M. Gérard Mourou, vient devant le Haut Comité ; le stockage par forage, étudié notamment aux États-Unis, et l'entreposage sur de longues durées, qui pose des questions sur le vieillissement des installations. Quel est l'aléa externe à prendre en compte sur une durée pluri-centennale ? Il est forcément différent que pour des installations qui ne vont durer que soixante ans.

Concernant le rapport sur l'entreposage de combustibles, celui-ci a été préparé dans un temps limité. Nous sommes donc allés à l'essentiel. Nous n'avons pas regardé la variabilité par rapport à un certain nombre d'hypothèses. Ce deuxième rapport élargit le champ de l'analyse de deux manières. D'une part, s'agissant de la nature des combustibles qui pourraient être entreposés à sec, on constate en pratique que les combustibles MOx entreposés dans les piscines de La Hague appartiennent à trois générations. La première génération, la plus ancienne, comprend le taux de plutonium le plus faible. Les combustibles sont sortis du réacteur depuis plus longtemps, donc ils ont plus refroidi. Par ailleurs, comme ils contenaient peu de plutonium, ils étaient moins chauds. En effet, plus la proportion de plutonium est élevée, plus la pente de la courbe de décroissance est faible.Ces combustibles ont donc doublement refroidi plus vite. À l'issue des calculs, nous montrons que les combustibles de première et deuxième générations seraient d'ores et déjà éligibles à l'entreposage à sec.

Pour la troisième génération, le taux de plutonium est de 8,6 %. Les combustibles sont trop chauds, et donc on passe à la deuxième question qui nous était posée relative aux évolutions envisageables de l'entreposage à sec. En effet, pour traiter la première partie de la question, nous nous sommes appuyés sur une référence de capacité thermique des assemblages combustibles, issue de la littérature internationale, de deux kilowatts. Pour la troisième génération, passer à trois kilowatts relâcherait un certain nombre de contraintes.

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