Intervention de Jean-Claude Duplessy

Réunion du jeudi 27 juin 2019 à 9h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Claude Duplessy, président de la CNE2 :

– Bénéficiant d'une retraite, après une carrière à l'université ou au CNRS, nous nous tenons à la disposition des pouvoirs publics pour réaliser, bénévolement en effet, des travaux scientifiques.

Nous allons commencer par évoquer le centre industriel de stockage géologique (CIGÉO), dont le site n'a pas été choisi d'un simple coup de baguette magique, ou par une décision arbitraire. Il reflète réellement le résultat d'une analyse scientifique approfondie.

Après le vote de la loi de 1991, M. Christian Bataille avait lancé une large concertation pour trouver des sites où les autorités locales accepteraient de recevoir un laboratoire souterrain de qualification, en vue d'un éventuel stockage ultérieur de déchets nucléaires. Trois sites ont été retenus en 1994 : dans le granite de la Vienne, dans l'argilite du Gard et dans celle de la Meuse - Haute-Marne.

Un ensemble de travaux de reconnaissance extrêmement approfondis ont alors été lancés. Ils ont permis d'opérer un choix sur des bases scientifiques solides, résultant de travaux menés par l'ensemble de la communauté scientifique nationale. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), ainsi qu'un ensemble de chercheurs et d'experts du CNRS et des universités, ont travaillé sur chacun de ces sites, en concertation étroite avec l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), en tant que pilote. Une collecte de données scientifiques de très haute qualité en est résultée. Rien n'avait été oublié.

La CNE avait alors constaté que le site granitique était absolument inapte au stockage de déchets nucléaires, pour une raison simple : ces granites ayant subi des tensions sous les contraintes causées par la formation des Alpes et des Pyrénées, ils étaient fracturés. Les sondages menés par l'ANDRA montraient l'existence de six fractures au mètre : une vraie passoire !

En tant que géochimiste, j'ai vérifié, à partir des analyses de l'ANDRA, les données isotopiques qui permettent de marquer l'eau. Celles-ci ont montré, d'une part, que le mélange est continu entre la nappe phréatique en surface, dans laquelle les agriculteurs pompent, et l'eau profonde dans le granite, d'autre part, que l'établissement du mélange se fait en moins de dix mille ans. Antérieurement, le climat et le marquage des eaux étaient différents.

En conséquence, ce site favorable politiquement n'était absolument pas apte à recevoir des déchets nucléaires. Cette caractéristique est à craindre pour l'ensemble des granites français. Nous n'avons pas la chance d'avoir le grand bouclier granitique dont bénéficient les Suédois et les Finlandais. Nous n'avons que de petites phases de granite, malheureusement peu adaptées à l'usage envisagé. Je ne parlerai donc plus de granite.

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