Intervention de Cédric Villani

Réunion du jeudi 18 juillet 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

– On l'a vu, on s'en souvient, la question des vaccinations fait partie des grands débats du début de la législature, le gouvernement ayant proposé l'extension de la liste des vaccins obligatoires de 3 à 11.

Avant, étaient obligatoires les vaccins contre la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos (DTP), maintenant le sont aussi ceux contre la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), l'hépatite B, la coqueluche, les infections à méningocoques, à pneumocoques et à Haemophilus influenzae de type B.

La décision prise par Agnès Buzyn, ministre de la Santé, entendait remédier au problème de la mauvaise couverture vaccinale pour certains vaccins, notamment celui contre la rougeole.

Pour l'Office, il y avait un réel intérêt à produire une note scientifique sur le sujet, aussi documentée et équilibrée que possible. La note est complétée par un grand nombre de références, ce qui traduit le fait que ce sujet présente de nombreux aspects sous-jacents pour lesquels l'analyse doit procéder maladie par maladie.

Il s'agit aussi d'un sujet vivement débattu : c'est la raison pour laquelle mener l'opération à bien a constitué un véritable casse-tête pour notre conseillère scientifique en sciences de la vie, face aux positions des personnes consultées qui pouvaient être contradictoires les unes par rapport aux autres.

Finalement, la note a été élaborée à froid, après la polémique suscitée par l'extension des obligations, donc dans un contexte un peu dépassionné et avec le recul nécessaire pour prendre en compte les résultats de cette première année et demie d'extension des vaccinations obligatoires.

Florence Lassarade et Jean-François Eliaou, co-rapporteurs, sont respectivement pédiatre de formation et professeur d'immunologie. Ils étaient donc parfaitement légitimes – et même tout désignés – pour réaliser ce travail.

Pour en venir au sujet, tout d'abord, il convient de rappeler que le vaccin est l'une des grandes inventions, en santé publique, contre les maladies infectieuses, qui a permis d'augmenter la durée de vie moyenne, conjointement avec l'amélioration de l'hygiène et le développement des antibiotiques.

Bien que, par le passé, le développement des vaccins ait été relativement empirique, aujourd'hui, cela constitue un enjeu de recherche à part entière. Il faut aussi rappeler que malgré ce bilan, il y a un sentiment de défiance d'une partie de la population, d'importance absolument non négligeable, qui s'est manifesté dès le premier vaccin obligatoire, celui développé contre la variole.

Plus récemment, ce sentiment a été nourri notamment par des suspicions de maladies entraînées par les vaccins. Cela a notamment été le cas du vaccin ROR et de l'autisme, dans une étude d'Andrew Wakefield, à la fin des années 90 – étude qui s'est révélée frauduleuse par la suite. Une partie des Français hésitent à se faire vacciner, voire refusent la vaccination, et la France est le pays d'Europe dans lequel cette défiance est la plus marquée, d'assez loin.

Les personnes hésitantes cherchent à se renseigner tous azimuts sur internet, sur les réseaux sociaux, sur les forums, mais continuent tout de même à accorder du crédit et de la confiance au médecin de famille. Regagner la confiance des citoyens était un des enjeux de la mesure voulue par le gouvernement.

Parmi les stratégies qui doivent être mises en oeuvre, il y a au premier rang la recherche de la transparence. Je salue à ce propos les efforts de Santé publique France en ce sens, avec le site vaccination-info-service.fr. Il y a aussi les efforts de pédagogie, à la fois des autorités de santé envers les médecins, puisqu'il semble que 8 % des médecins eux-mêmes ne soient pas confiants vis-à-vis de la vaccination, et aussi les efforts de pédagogie des médecins à l'égard de leurs patients. Et puis, finalement, il y a toute la question des réseaux sociaux et de leurs efforts pour ne pas mettre en avant des contenus comportant de fausses informations médicales. Ceci s'inscrit donc dans le cadre de tous les débats actuels sur la régulation des contenus des réseaux sociaux.

Le contexte dans lequel la vaccination et la politique vaccinale s'inscrivent comporte ainsi des enjeux scientifiques, des enjeux de santé et des enjeux de confiance et d'information.

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