Intervention de Richard Girardot

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 10h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Richard Girardot, président de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) :

Je tiens à répéter que la loi ÉGAlim est vraiment une chance. C'est ma conviction personnelle et celle des adhérents de l'ANIA.

La tactique est très claire sur les MDD. En France, le rapport entre MDD et les marques nationales est relativement faible par rapport à d'autres pays européens, notamment l'Angleterre. Dans la présentation de son programme en janvier 2017, le président de Carrefour a clairement exprimé sa volonté de développer cette activité. Le phénomène s'est accéléré avec la mise en place de la loi ÉGAlim, car l'augmentation des marques nationales se traduit par une pression croissante sur les marques de distributeurs, comme l'illustrait mon exemple sur la crème européenne, moins chère que la crème française.

Il y a un avenir pour les MDD. De toute évidence, la distribution va segmenter ses activités dans ce domaine, à l'image de ce que fait Leclerc avec des marques comme Éco+, Repères et Reflets de France recouvrant respectivement un segment « bas de gamme », un segment solidement établi et un segment premium. C'est la tendance que l'on observe par exemple en Angleterre chez Tesco dont la marque propre dépasse les 50 %.

Concernant l'Europe, je ne commenterai pas les mesures qui seront prises avant qu'elles ne soient établies. Il me semble que nous devons déjà régler nos problèmes ici. Il existe une différence fondamentale entre les méthodes de négociation françaises et celles du reste de l'Europe.

Nous constatons toutefois que nos méthodes de négociations globales déteignent sur le reste de l'Europe : on passe ainsi d'une centrale française donnée à une centrale européenne regroupant autour d'elle ses partenaires d'autres pays, à laquelle sont apportées les méthodes de négociations et les rapports de force français. Le constat vaut pour Eurelec, Coopernic, Agecore ou Carrefour International.

Il existe des méthodes de négociation et de calculs différentes, mais le phénomène est général. J'ai l'impression que la manière dont la commission européenne abordera la question n'est pas encore clairement définie. Sa position n'est pas très claire.

Concernant l'ordonnance, nous découvrons en marchant. La loi est très décriée par certains partenaires. Je rappelle que M. Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), représente un syndicat dont Intermarché et Leclerc ne font pas partie. Sa vision peut donc être particulière et son secteur souffre peut-être effectivement beaucoup plus que les indépendants. Vous lisez la presse comme moi : Casino, Auchan ou Carrefour connaissent de très grandes difficultés. Je n'ai pas le sentiment que les indépendants se portent aussi mal.

Nous n'en sommes qu'aux prémices : les ordonnances telles qu'elles ont été formulées n'en sont qu'à trois mois de mise en place. Pour ce qui est du seuil de revente à perte (SRP) par exemple, institué en février, nous avons réalisé une estimation à partir des chiffres panels Nielsen et Kantar. Elle révèle que sur l'année, 600 millions d'euros entreront au maximum dans les caisses de la distribution. Il n'y a pas eu de flambée des prix avant la mise en place, contrairement à ce qui avait été annoncé à grand renfort de pages de publicité dans la presse. La mise en place du SRP a été très bien gérée par la distribution. Avec un peu d'humour et d'ironie, je dirais que je ne désespère pas de les voir arriver à 600 millions d'euros. Cet argent, qui s'ajoute à la déflation, est à disposition de la distribution.

Le prix du Ricard a certes augmenté de 2 euros. En réalité, nous découvrons progressivement les conséquences de ces ordonnances. C'est la raison pour laquelle cette commission tombe parfaitement au bon moment.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.