Intervention de Jacques Creyssel

Réunion du mercredi 29 mai 2019 à 18h30
Commission d'enquête sur la situation et les pratiques de la grande distribution et de ses groupements dans leurs relations commerciales avec les fournisseurs

Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) :

Je rappelle tout d'abord que les MDD sont à l'origine de la distribution. Les premières sont nées au début du XXe siècle, avant les marques nationales. Ce n'est donc pas quelque chose de nouveau.

Il se trouve que les marques de distributeurs se sont moins développées en France qu'ailleurs, l'Espagne en offre une bonne illustration avec l'enseigne Mercadona. En France, Picard ne vend que des marques distributeurs, et c'est une réussite formidable.

Jusqu'à présent, les marques de distributeurs étaient largement orientées sur les premiers prix et sur des produits proches de ceux des marques nationales. Elles ont connu un déclin ces dernières années car la guerre des promotions entre marques nationales a eu l'effet de les déréférencer en prix.

Aujourd'hui, si l'inflation revient sur les marques nationales, les MDD retrouveront une place. L'essentiel est qu'elles sont en train de complètement changer, pour se rapprocher des marques premium. Le dioxyde de titane en donne une illustration : nous avons pris l'engagement de le supprimer immédiatement des MDD, tandis que c'est plus compliqué pour les marques nationales, pour des raisons industrielles complexes. Les produits sans huile de palme sont vendus par les MDD. Les MDD sont des éléments de qualité et de différenciation, c'est la grande nouveauté. Elles ont un avantage énorme, comme vous l'a dit Dominique Amirault : elles sont fabriquées à 80 % par des PME, dont une part très importante d'entreprises françaises.

L'un des grands bouleversements des dernières années est l'attrait des consommateurs pour les produits « locaux », « vegan », « bio », « sans gluten », et les grandes marques ne savent pas faire de tels produits car il s'agit de petites séries.

De plus, le goût des Français pour ces produits ne se retrouve pas complètement dans d'autres pays. Nestlé, Procter et Gamble, Unilever et autres ont une vision continentale, et pour ces marques, l'Europe est un marché mature sur lequel il n'est pas nécessaire de faire de grands investissements. Pour elles, il vaut mieux investir en Afrique ou en Asie car c'est là-bas que le développement est le plus rapide.

C'est pour cela que l'innovation, donc la croissance, vient aujourd'hui des PME, et que les grands industriels ont parfois des positions un peu dures – visiblement moins que les miennes ! Les marques voient leur image considérablement se dégrader, la consommation d'un certain nombre de produits de grandes marques très connues diminue très fortement, par exemple parce qu'ils contiennent trop de sucres. Nous constatons un changement considérable, et les MDD, comme les PME, ont un rôle fondamental à jouer. Il faut les encourager.

J'ai cru comprendre qu'il était question de remettre en cause les marques de distributeurs, c'est au contraire une chance pour les PME françaises.

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