Intervention de Anthony Cellier

Séance en hémicycle du mercredi 11 septembre 2019 à 15h00
Énergie et climat — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnthony Cellier, rapporteur de la commission mixte paritaire :

En juillet dernier, la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à l' énergie et au climat a été conclusive. Je me réjouis que nous ayons pu trouver, avec le Sénat, un accord sur ce projet de loi aux enjeux cruciaux, rattachés à l'humain et à son environnement – un projet de loi fondamental, qui donne des outils à chacune et chacun d'entre nous pour agir contre le dérèglement climatique.

Tout au long des travaux, à l'Assemblée comme au Sénat, les amendements ont été nombreux et les échanges constructifs, ce qui a permis d'enrichir considérablement le texte. Je reviendrai sur quelques avancées majeures. Avec ce texte, nous avons fait le choix de renforcer nos ambitions pour le climat. C'est ainsi que l'article 1er reconnaît l'existence d'une « urgence écologique et climatique ». Pour y répondre, nous prévoyons notamment d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Il s'agit d'un objectif profondément ambitieux, qui suppose de décarboner totalement nos énergies avec méthode.

Celle-ci consiste à réduire notre consommation d'énergies fossiles de 40 % en 2030, c'est-à-dire dans dix ans ; à fermer nos quatre dernières centrales à charbon d'ici à 2022, c'est-à-dire dans deux ans, tout en accompagnant les femmes et les hommes qui perdent leur outil de travail ; à développer davantage les énergies renouvelables, ce que ce texte et la programmation pluriannuelle de l'énergie permettent, dès maintenant, en prévoyant une augmentation de la production hydroélectrique, un cadre pour l'hydrogène vert, des garanties d'origine pour le biogaz et l'augmentation de la part du solaire ou encore de la chaleur renouvelable. Ces objectifs ambitieux doivent s'accorder avec des choix réalistes et pragmatiques : c'est pourquoi nous décalons de 2025 à 2035 la date à laquelle le nucléaire atteindra la part de 50 % dans la production d'électricité.

Au-delà de la production, c'est également notre rapport à la consommation qui doit désormais changer et, en premier lieu, à la notion d'empreinte carbone, dont le texte fixe des objectifs de réduction.

Notre consommation énergétique au sein même du logement doit être également au centre de nos préoccupations. Le secteur du bâtiment représente près de 45 % de la consommation d'énergie nationale et près de 26 % des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons adopté plusieurs mesures pour lutter contre les passoires thermiques, dont un dispositif en trois étapes : information sur la consommation énergétique du logement, obligation de rénovation, sanction si besoin, en cas de non-respect de cette obligation.

Nous définirons ces sanctions dans la loi quinquennale sur la politique énergétique et climatique, car – c'est une victoire obtenue dans le cadre de ce projet de loi – c'est le Parlement qui fixera désormais les objectifs et les priorités d'action de la France pour l'énergie et le climat.

L'effort doit être partagé par tous. Nous renforçons les obligations de certains investisseurs, qui devront mieux prendre en compte l'impact de leurs investissements sur l'environnement. Les entreprises de plus de 500 salariés, l'État et les collectivités devront établir, sous peine de sanctions, un plan de transition pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, et c'est un point essentiel, ce texte vise à décarboner notre économie, tout en accompagnant l'ensemble de nos concitoyens. Il faut pour cela éviter les hausses de facture d'électricité trop brutales, en conciliant stabilité des prix et maintien d'une juste rémunération du parc nucléaire historique. Il convient également de mieux encadrer les certificats d'économies d'énergie et la lutte contre la fraude et d'ouvrir le chantier de la simplification des aides à la rénovation énergétique.

Ce projet de loi relatif à l'énergie et au climat est un texte tourné vers l'avenir, qui touche le quotidien des Françaises et des Français. Les mesures qu'il contient seront renforcées et complétées par le projet de loi d'orientation des mobilités, les projets de loi de finances, le suivi du Haut Conseil pour le climat, ainsi que par la convention citoyenne pour le climat qui favorisera, je n'en doute pas, l'émergence de nouvelles propositions concrètes.

J'ai déjà eu l'occasion de le souligner : ce texte ne réglera pas tout, il est une partie de la solution. Il ne suffit pas de parler des enjeux climatiques et environnementaux, à l'envi, comme un mantra ou comme un élément sémantique. L'impact de nos choix et de nos comportements sur l'environnement, comme sur le climat, doit être, pour nous comme pour chacun de nos concitoyens, un réflexe, je dirai même une obsession.

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