Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 12 septembre 2019 à 9h00
Mobilités — Article 1er a

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Vous y réfléchissez, vous y pensez, vous vous donnez du temps… mais la part du fret ferroviaire a été divisée par deux en vingt ans ! Vous avez fait un nouveau pacte ferroviaire dans lequel on ne tient absolument pas compte de tout cela : on n'y trouve pas les mots « réchauffement » ou « climat » ; on n'y envisage aucun rééquilibrage par rapport à la route. Quand va-t-on pouvoir repenser les choses, sinon aujourd'hui, dans le cadre d'un projet de loi relatif aux mobilités ? Vous dites qu'il va y avoir un nouveau texte, mais pour quand est-il prévu ? Pour dans six mois ? Dans un an ? Dans deux ans ? Pour le prochain quinquennat d'Emmanuel Macron ? Il y a une urgence écologique !

Vous parlez de compétitivité, mais la France a laissé se crasher son transport international. Elle a laissé les transporteurs internationaux français se faire écraser par la concurrence. Pourquoi ? Parce qu'au niveau européen, pour faire du transport international, un chauffeur polonais – je n'ai rien contre les Polonais – ou un chauffeur roumain revient beaucoup moins cher ! Cela se vérifie dans les statistiques, qui toutes montrent l'effondrement du transport international français.

De toute façon, la concurrence n'est plus une concurrence internationale – celle-ci peut être mise entre parenthèses ; elle est interne au territoire français. La compétition n'est pas entre transporteurs internationaux, ou avec la Pologne ou la Roumanie, elle est entre les modes de transport de marchandises : le rail ou la route. Or cette dernière représente quelque 85 % du trafic de marchandises. Et il ne faut pas compter sur l'Union européenne ! Dans le Livre blanc sur les transports, il est dit qu'il n'est pas question d'encadrer, que la seule manière dont on envisage de rééquilibrer les choses entre le rail et la route est de faire baisser le coût du rail, notamment ses coûts salariaux.

Il n'y a donc aucune perspective politique – et l'on comprend bien pourquoi : il s'agit d'un enjeu central pour l'Europe. Car comment l'Europe se construit-elle ? Elle se construit avec en son centre un camion – je serais d'ailleurs partisan que l'on en fasse figurer un au coeur du drapeau européen, au milieu des douze étoiles. C'est grâce au camion que l'on peut aller produire des sèche-linge en Pologne pour les vendre sur les marchés français ou néerlandais ! C'est grâce à lui que l'on obtient les plus bas coûts en matière salariale, fiscale et environnementale !

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