Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du mardi 17 septembre 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Risques liés aux fongicides sdhi

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Monsieur le Premier ministre, en avril 2018, une cinquantaine de chercheurs, cancérologues et médecins ont alerté dans la presse sur les risques des fongicides SDHI – inhibiteurs de la succinate déshydrogénase – pour la santé humaine et pour l'environnement. Ces fongicides sont utilisés à grande échelle dans l'agriculture depuis dix ans. J'ai moi-même auditionné le lanceur d'alerte, le professeur Pierre Rustin, dès mai 2018. Une semaine plus tard, j'alertais l'ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail – en audition. Ces pesticides sont épandus massivement sur les cultures, mais sont également présents sur les fruits que nous mangeons. Destinés à lutter contre les moisissures en bloquant la respiration cellulaire des champignons, ils bloquent aussi la respiration cellulaire de la microfaune du sol et celle des humains. Des recherches ont également mis en évidence des effets à l'origine de tumeurs et de cancers chez l'homme. Des travaux scientifiques menés depuis des années et particulièrement étayés par les résultats récents du professeur Rustin ont été présentés à l'ANSES, mais également à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il s'agit d'une bombe sanitaire à retardement et vous ne pouvez pas dire que vous ne savez pas !

Contrainte par cette mise en lumière publique, l'ANSES s'est enfin emparée du dossier et a remis récemment un rapport sur les impacts des SDHI. Mais faute d'experts compétents en matière de mode d'action unique de ces molécules, l'agence dite de sécurité sanitaire laisse planer de nombreuses incertitudes sur des risques pourtant avérés. Cet organisme public censé protéger l'environnement et la santé humaine devrait appliquer le principe de précaution et interdire ces pesticides, mais rien ne se passe. Une fois de plus, les pouvoirs publics s'en remettent aux multinationales qui produisent à la fois les molécules et les études censées les évaluer.

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