Intervention de Olga Givernet

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Accord avec la suisse sur l'organisation européenne pour la recherche nucléaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlga Givernet :

Le texte dont nous débattons aujourd'hui ne pose aucune difficulté. Il est l'émanation de la cohabitation quotidienne entre une organisation scientifique internationale et ses pays hôtes, la France et la Suisse. Je suis certaine qu'il fera l'unanimité – du reste, elle a déjà été annoncée, et je vous en remercie.

La création du CERN en 1954 a bouleversé notre territoire, le pays de Gex – où je suis élue – , et lui a fait connaître une croissance exceptionnelle. Notre population vit en partie au rythme des organisations internationales qu'elle accueille. Ce week-end encore, à l'occasion de ses portes ouvertes, le CERN a pu accueillir un large public.

L'accord vise à faciliter l'intervention des secours et des urgences médicales transfrontaliers français et suisses sur le domaine du CERN, en cas d'urgence ou à la demande de celui-ci. Mais l'essentiel est ailleurs, dans ce formidable outil de recherche au service de l'humanité et de notre pays. Le CERN a transformé la vie des humains. C'est dans ses murs qu'est né internet. C'est aussi en son sein que des découvertes majeures ont vu le jour – celle du boson de Higgs, pour ne citer qu'elle. Pour accomplir ces avancées considérables, le CERN a besoin de moyens tout aussi considérables. Alors que le laboratoire logeait à ses débuts dans un petit bâtiment, son collisionneur s'étend aujourd'hui sur 27 kilomètres, réparti entre le canton de Genève et ma circonscription, dans le département de l'Ain. Si ses chercheurs travaillaient initialement sur l'atome nucléaire, ils se consacrent aujourd'hui à des données infiniment plus petites, visant des objectifs infiniment plus ambitieux.

Demain, pour rester à la pointe, le CERN devra se doter d'un plus grand collisionneur, de 100 kilomètres de diamètre, passant sous l'Ain et la Haute-Savoie. Ici se joue la place de l'Europe dans le monde. Face à la concurrence asiatique, en particulier chinoise, le CERN oppose une recherche ouverte à tous. Monsieur le secrétaire d'État, j'appelle votre plus grande attention sur la nécessité d'oeuvrer à la naissance de ce grand collisionneur.

Pour illustrer les bénéfices du CERN pour l'humanité, j'évoquerai une entreprise créée par plusieurs de ses chercheurs dans le pays de Gex, AAA, pépite de la technologie médicale française et créatrice d'emplois. Ce laboratoire spécialisé en médecine nucléaire développe des matériels de santé permettant de mieux détecter les cancers et de les soigner plus efficacement. Ainsi, des millions de vies humaines sont sauvées grâce au CERN et à ses chercheurs.

Le CERN est également un moteur de développement local pour le bassin genevois. La population de ma commune, Saint-Genis-Pouilly, qui abrite une partie de ses installations, est passée de 650 habitants en 1954, date de création de l'Organisation, à plus de 12 000 aujourd'hui. Nous accueillons plus de 90 nationalités – la Genève internationale est ici représentée – , qui apportent à notre territoire une richesse et une ouverture que l'on ne trouve nulle part ailleurs.

Le CERN est donc plus qu'une organisation internationale. C'est la raison pour laquelle la France doit le porter et le soutenir financièrement, grâce au budget que lui alloue chaque année le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, mais aussi – et je vous invite à considérer cette possibilité – grâce à des levées de fonds qui viendraient abonder le projet de grand collisionneur.

Si c'est une fierté d'accueillir le CERN sur le sol français, c'est aussi, et surtout, une responsabilité : celle de maintenir la recherche européenne à la pointe, de sorte que les découvertes et les innovations de demain ne nous échappent pas.

Pour conclure, je rappellerai le rôle que joue le CERN pour la paix en Europe. Comme vous l'avez souligné, monsieur le secrétaire d'État, ce rôle n'a rien d'anodin. Plus qu'un formidable outil de rayonnement scientifique pour notre continent, le CERN est l'exemple même d'une Europe qui avance, une Europe délibérément ouverte sur le monde. Il démontre que le progrès scientifique est un vecteur de progrès social, ce qui contribue à éviter la guerre. Les fondateurs de l'Organisation portaient haut l'idée d'une science au service du progrès et de la paix, et l'ont fait vivre avec succès. À nous, représentation nationale, de perpétuer cette oeuvre magnifique dont nos enfants seront reconnaissants.

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