Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du mercredi 18 septembre 2019 à 15h00
Accords avec le tchad et l'angola relatifs aux services aériens — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Par ailleurs, cette situation catastrophique intervient à quelques mois des élections générales, prévues le 15 octobre prochain, et complique la donne.

Anticipant les élections, les deux principaux partis, la RENAMO – Résistance nationale mozambicaine – , transformée en parti politique à la fin de la guerre civile qui a déchiré le pays de 1976 à 1992, et le Frelimo – Front de libération du Mozambique – ont décidé de signer un accord de paix le 6 août dernier. Il est constitué de deux points : l'intégration dans l'armée et la police de plus de 5 000 combattants de la Renamo et un changement constitutionnel qui permet aux gouverneurs des régions d'être élus au suffrage direct, autorisant l'intégration de la Renamo dans le jeu politique.

Même s'il semble fragile, cet accord est à saluer : il suscite un espoir très important pour la reconstruction du pays. Celle-ci passera aussi par son désendettement, lequel pourra peut-être commencer grâce aux réserves de gaz découvertes au large du Mozambique, qui font partie des plus importantes réserves mondiales : 5 000 milliards de mètres cubes, soit la consommation de la France pendant plus de cent ans. Les multinationales gazières estiment que le pays produira 32 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année à partir de 2024, à destination des marchés asiatique et européen.

Avec l'exploitation de ses réserves gazières, le Mozambique deviendra le troisième exportateur de gaz du monde et sa politique énergétique aura d'importants enjeux. Le cercle de réflexion « Multinationales et droits humains », sur la responsabilité des entreprises donneuses d'ordres, que je codirige avec Mireille Clapot et Dominique Potier, se soucie des conséquences politiques, économiques et écologiques de l'exploitation d'un tel chantier, dans le contexte de ce pays. Les multinationales seront-elles en mesure de créer des projets respectueux de l'environnement et de payer tous leurs impôts, sans pratiquer l'évasion fiscale qui nuit tant aux peuples ?

Les projets gaziers auront d'importantes conséquences pour les habitants. Le Mozambique sera-t-il en mesure de partager ce gâteau avec son peuple, qui a cruellement besoin d'aide, surtout après le passage des deux cyclones ? Sa situation est d'autant plus difficile qu'il subit les attaques régulières de groupes djihadistes : il s'agit là d'un autre enjeu pour le Mozambique, même s'il a peu été évoqué.

Je ne suis pas intervenu sur l'actualité de l'Éthiopie et du Costa Rica, mais j'estimais de ma responsabilité d'évoquer celle du Mozambique, qui suscite donc de nombreuses questions. Dominique Potier, Mireille Clapot et moi-même serons vigilants aux réponses qui seront apportées.

Comme vous l'avez compris, le groupe communiste ne votera pas cet accord, pour les mêmes raisons qu'il n'a pas voté l'accord avec la République du Tchad et la République d'Angola, à savoir son opposition aux accords de libéralisation et à leurs conséquences écologiques.

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