Intervention de Jacques Marilossian

Séance en hémicycle du mardi 24 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Marilossian :

Même si je peux comprendre la démarche d'une veuve, je crois utile de rappeler que le projet parental est celui de deux parents vivants. Avant la mort du mari, le projet parental n'était pas de créer un orphelin. Je crois que nous devons faire preuve de prudence et d'équilibre, entre technique et éthique.

Nous ne devons pas basculer dans une « science sans conscience », nous prendre pour Dieu, mais au contraire, nous interroger : quelles sont les limites que nous devons nous fixer ? Où réside la frontière de la vie ? Ce qui est scientifiquement possible est-il toujours souhaitable éthiquement ? Gardons-nous de la fausse bonne idée qui semble a priori de bon sens ; examinons-en scrupuleusement toutes les conséquences avec objectivité.

Permettez-moi de conclure sur l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, en partageant une réflexion issue d'une double expérience personnelle.

Non, l'extension de la PMA n'est pas la mise à disposition d'une simple procédure qu'il suffirait d'activer pour procréer. Nous ne créons pas des enfants d'un coup de baguette magique ! Le succès n'est pas garanti !

Ma femme et moi avons eu recours à la PMA. Nous avons eu de la chance : nous avons eu des jumeaux. Notre parcours médical a toutefois duré plusieurs années. Pour beaucoup d'autres couples que nous avons croisés à l'hôpital, le processus a été long, difficile, complexe et souvent très douloureux, débouchant sur des naissances prématurées ou des échecs.

Lors des auditions, certains témoins ont proclamé qu'un enfant devait avoir un père et une mère et qu'en dehors de ce cadre, point de salut pour la construction de l'enfant ! Or les spécialistes des neurosciences expliquent que c'est la présence d'une autre personne que la mère qui permet à l'enfant de découvrir l'altérité et d'obtenir son indépendance vis-à-vis de sa mère. Cette autre personne n'est pas nécessairement le père, comme on le voit dans de nombreuses sociétés de par le monde. D'autre part, vous le savez aussi, le fait d'avoir un père et une mère ne garantit pas toujours le bonheur familial.

J'ai eu un père, mais j'ai été élevé par ma mère et ma grand-mère. Cela n'a pas fait de moi un délinquant. L'identité de chacun ne se construit pas uniquement au sein du cocon familial ; il y a aussi l'influence de l'école, de la société et du monde qui nous entoure.

Ce qui compte, me semble-t-il, c'est l'amour, l'amour que reçoit l'enfant.

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