Intervention de Gilles Lurton

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Lurton :

Avec cet article 1er, vous vous apprêtez à autoriser l'assistance médicale à la procréation aux couples de femmes et aux femmes non mariées. Cette proposition inquiète un certain nombre de Françaises et de Français, dont nous devons aussi faire entendre leurs voix au sein de l'hémicycle. Certes, madame la ministre des solidarités et de la santé, vous avez affirmé dans votre intervention préalable qu'il n'y avait pas « d'un côté des tenants de l'ordre moral, partisans rétrogrades d'une société figée, et de l'autre des aventuriers imprudents ou des apprentis sorciers nous menant tout droit à la dystopie ». Je partage cette opinion, mais ce n'est pas pour autant qu'il existerait une pensée unique sur laquelle nous devrions tous nous aligner.

Il est légitime que certains d'entre nous et certains de nos concitoyens s'interrogent sur le fil conducteur qui doit nous guider ces prochains jours – je veux parler de l'intérêt de l'enfant. Je peux parfaitement concevoir que des adultes sans enfant expriment un désir de procréation, mais une seule question doit nous guider : qu'adviendra-t-il de cet enfant au cours de sa vie ? C'est bien de l'intérêt suprême de l'enfant qu'il s'agit ici. Je sais, madame la ministre, que vous partagez cette préoccupation – vous l'avez exprimé à plusieurs reprises en commission spéciale – , mais nous n'en tirons pas tous les mêmes conclusions et, sur ce point, votre texte ne me rassure pas, bien au contraire.

Je suis absolument favorable au progrès social, à une époque où le champ des possibilités est extraordinaire. Or, c'est justement parce que ce champ est extraordinaire que nous devons accepter avec humilité de ne pas pouvoir tout maîtriser, notamment pour ce qui concerne la question fondamentale de la transmission de la vie.

Je le répète, je suis pour les avancées sociales et sociétales, mais ce que vous nous proposez n'en est pas une. Quel que soit le travail réalisé en commission, votre proposition n'offre aucune sécurité pour l'avenir et je suis sûr que certains d'entre vous en sont, eux aussi, intimement convaincus.

Mesdames les ministres, votre responsabilité pour l'avenir est grande, et la nôtre également. Comment ne pas entendre les réserves des pédopsychiatres, maintes fois formulées devant la commission spéciale, concernant l'extension de la PMA aux mères célibataires ? Mesurons-nous les conséquences de la levée de l'anonymat des donneurs sur les enfants qui naîtront d'un don de sperme ou d'ovocytes ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.