Intervention de Valérie Boyer

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Près d'un quart des familles françaises sont des familles monoparentales. Celles-ci sont à 85 % constituées de femmes qui élèvent seules près de 3 millions d'enfants. Une grande partie de ces femmes se trouvent malheureusement dans des situations difficiles, résultant de facteurs spécifiques à leur statut de mère isolée.

Sentiment d'échec familial, rapports conflictuels avec l'ex-conjoint, difficulté à recouvrer une pension alimentaire, sécurité et éducation des enfants qui dépendent d'un seul salaire, fragilisation du tissu relationnel et du statut social, peur de perdre la garde de son enfant : telles sont les principales difficultés qui frappent les mères isolées.

Pour la plupart, ces difficultés sont aggravées par les inégalités qui touchent l'ensemble des femmes en matière de formation, de recrutement, de contrats de travail, d'emploi, de salaires, de modes de garde et de retraites.

Nous serons, je le crois, toutes et tous d'accord sur ces constats.

Le cumul de ces facteurs discriminants génère très fréquemment une situation de précarité, qui touche parfois aussi les pères de familles monoparentales.

L'hiver dernier, lors de la crise des gilets jaunes, nous avons tous constaté qu'un grand nombre de femmes étaient sur les ronds-points. Elles étaient, pour un grand nombre d'entre elles, des femmes seules qui témoignaient de leur difficulté à joindre les deux bouts.

Ici même, je suis certaine que plusieurs d'entre nous se sont retrouvées à un moment de leur vie, ou se trouvent encore aujourd'hui, dans une situation de famille monoparentale et connaissent ces difficultés.

40 % des mères de familles monoparentales sont inactives. Un tiers travaillent à temps partiel. 33 % n'ont aucun diplôme. 60 % des mères ayant un enfant de moins de 3 ans ne travaillent pas, en raison de modes de garde souvent financièrement inadaptés. Enfin, 20 % des bénéficiaires du RSA, soit 500 000 personnes, sont des mères de familles monoparentales, et 33 % d'entre elles vivent en HLM.

De toute évidence, je ne considère pas qu'une femme seule est une moins bonne mère qu'une femme en couple. De la même façon, je ne nie pas le souhait de certaines femmes seules d'avoir un enfant, de l'élever et de l'aimer, ni leur capacité à être mères. Je comprends leur désir d'enfant.

Mais la question que nous nous posons aujourd'hui est celle de savoir comment la société et la loi organisent l'existence d'un enfant avec un seul parent. Cette question est de la responsabilité de la collectivité. Or l'intérêt supérieur de l'enfant est pour le moins fragilisé par le projet de loi.

Compte tenu des situations difficiles engendrées par l'absence de père, le principe de précaution doit s'appliquer.

Le père ne peut pas être simplement celui qui a donné son ADN et que l'enfant découvre à 18 ans. Il est celui qui accompagne, même si, bien sûr, un enfant peut trouver autour de lui d'autres références.

Au nom du principe de précaution, on devrait avoir la main tremblante quand on statue sur une question si délicate.

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