Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Je me réjouis de la tonalité de ces débats, parce que j'ai connu comme vous, monsieur le président, ceux que nous avons eus, sous la législature précédente, sur un sujet plutôt similaire, qui manifestaient à la fois une volonté de publicité et de contre-publicité, et qu'il est remarquable d'entendre des arguments, non seulement tous justifiables et respectables, mais qui se confrontent de façon respectueuse.

J'ai entendu dire tout à l'heure, à juste titre, qu'il y avait désormais différentes formes de famille – et, comme le disait une collègue du groupe MODEM, toutes sont respectables. Cela a été un débat dans la société française pendant longtemps, mais toutes sont désormais respectables. Cela dit, dans les débats que j'ai évoqués, quand on parlait de familles, il s'agissait de couples mariés, de couples pacsés, de couples en concubinage, de couples hétérosexuels, de couples homosexuels, mais jamais n'était considéré comme une famille non pas une personne seule avec un enfant suite à une séparation ou au décès du conjoint, mais le projet d'enfant d'une personne seule. Dans l'évolution de la réflexion sur la nature de la famille, il y a là un changement qui n'est pas minime – même s'il n'est pas nouveau, je le concède volontiers. Notre assemblée a accepté il y a quelques années – je n'en étais pas – que pouvait constituer une famille une personne seule qui adoptait un enfant. Mais forme-t-elle une famille avant même de l'avoir adopté ? Je ne le crois pas, car un projet parental ne constitue pas une famille en tant que tel, même si la loi lui a donné ce droit.

Si je prends la parole à ce moment, c'est parce que je crois que nous avons alors accepté ce qui nous conduit aujourd'hui à un débat très difficile. Dès lors qu'un homme ou une femme seuls avaient le droit d'adopter un enfant, on acceptait qu'ils aient un droit à l'enfant. Au passage, je trouve cela d'autant plus dérangeant qu'on sait combien de couples cherchent à adopter et n'y parviennent pas, ou adoptent un enfant né à l'étranger. Mais je reconnais bien volontiers que depuis, il n'y a plus guère de raisons à opposer à une personne qui souhaite désormais avoir seule un enfant issu d'elle. Par nature, il ne peut cependant s'agir que de femmes.

J'ignore d'ailleurs en vertu de quoi on accepte l'adoption solitaire pour les hommes et pour les femmes alors que la conception solitaire est en train d'être légalisée pour les seules femmes. J'entends : « La GPA, non ! » L'envie d'enfant serait donc moins légitime chez un homme que chez une femme ? Pardon, mais je suis père de quatre enfants et mon désir d'enfant était aussi légitime que celui de ma femme ! Je ne vois donc pas au nom de quoi vous accordez à l'un ce que vous refuserez à l'autre : ce que vous acceptez pour l'un, vous devrez l'accepter pour l'autre.

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