Intervention de Aurore Bergé

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurore Bergé :

À ce moment du texte – et cela se produira à nouveau – , nous nous trouvons en tension, car il n'y a pas une partie de l'hémicycle qui aurait raison tandis que l'autre aurait tort. Chacun fixe des limites éthiques différemment en fonction de ce qu'il estime acceptable ou souhaitable dans l'intérêt de l'enfant, de la société ou des femmes, ces différents intérêts pouvant parfois se trouver en balance.

Nombre d'entre nous ont cheminé sur la question de la PMA ouverte aux femmes seules. Ce fut par exemple mon cas.

Ce sujet me semble devoir être distingué de celui des familles monoparentales. Personne ne nie les difficultés rencontrées par certaines familles monoparentales quand ces situations sont subies, c'est-à-dire dans l'extrême majorité des cas. Nous connaissons ces familles, nous les recevons – elles peuvent même parfois faire partie de nos proches. La grande différence avec la PMA ouverte aux femmes célibataires réside dans l'existence d'un désir d'enfant, d'un projet parental conçu initialement seule, et non pas à deux : cela change la nature du projet, mais également la manière dont on l'envisage et dont on le rend possible. Les deux situations ne peuvent donc pas être comparées.

D'autre part, il n'appartient pas au législateur de dire ce qui constituerait ou non une bonne famille et d'établir de fait une hiérarchie entre un mieux disant et un moins-disant. Personne, ici, ne peut garantir que le mieux-disant correspondrait à une famille hétérosexuelle tandis que le moins-disant serait une femme élevant seule son enfant. Parce que nous ne voulons justement pas porter de jugement sur ces familles, il me semble plus pertinent d'accepter l'ouverture de la PMA à l'ensemble des femmes, y compris aux femmes seules.

Pour ce qui est de l'argument de l'altérité, qui est souvent revenu au cours des débats, je rappelle que la recherche de cette altérité, même au sein des couples hétérosexuels, intervient souvent à l'extérieur du couple, au sein de la famille ou des proches, ou avec d'autres référents. Parce que le projet d'une femme seule a été longuement réfléchi et mûri – un projet de PMA n'est pas un projet simple, réalisé en quelques semaines : il fait l'objet d'un long processus médical d'évaluation, avec un taux d'échec important – , cette dernière a la volonté de rechercher cette altérité et de la préparer.

J'estime en tous les cas que nous sommes aujourd'hui en position, en tant que législateurs, d'affirmer que nous n'établissons pas de hiérarchie entre les différentes familles qui existent déjà en France et celles qui existeront demain, et qu'en reconnaissant la pluralité de ces familles, nous reconnaissons d'autant mieux les enfants qui en sont issus et qui seront donc beaucoup mieux accueillis dans notre société.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.