Intervention de Patrick Mignola

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Mignola :

Je tiens d'abord à dire mon très grand respect, et celui du groupe que j'ai l'honneur de présider, pour toutes les convictions – légitimes – qui s'expriment dans cet hémicycle.

Alors que nous nous retrouvons pour savoir si l'inscription d'une technique dans la loi peut transgresser un principe éthique, porter un trouble à la société ou induire une perte de chances pour un enfant, il nous faut nous souvenir, en cheminant dans ce débat, que depuis la nuit des temps, les femmes peuvent faire des enfants seules lorsqu'elles le décident – parfois sans le décider. Elles n'ont jamais, de ce fait, rompu un principe éthique ou porté de trouble à la société. L'histoire nous l'enseigne, et le législateur ne saurait dire à ces enfants que les mamans ont faits seules qu'ils ont moins de chance que les autres, ni expliquer à ces mamans qu'elles ont fait le mauvais choix ou que cet accident a conduit à une perte de chances pour leur enfant.

Par ailleurs, certaines familles monoparentales vivent mal leur situation – beaucoup de nos collègues, quelles que soient leurs convictions, l'ont relevé. C'est l'honneur de l'État et du législateur que de les accompagner et d'améliorer cet accompagnement dans les années à venir. Ces enfants ont toutefois bien été conçus par deux êtres : ces familles sont devenues monoparentales dans un second temps, sans que la loi soit passée. Ces mères, qui se battent et agissent, n'avaient probablement pas la chance, la profondeur de réflexion, la préparation mentale et physique, ou l'entourage dont bénéficient les femmes qui, demain, pourront concevoir un enfant seules par PMA.

Enfin, je souhaiterais conclure par la réflexion suivante : l'amour que l'on porte à un enfant oblige à l'humilité. On est fier d'être parent, mais l'enfant grandit et se construit par son ou ses parents, mais surtout – d'après le monde éducatif – par un parent collectif. Je crois que l'on peut faire famille dès lors qu'il y a un parent et un enfant, mais ces familles sont également accompagnées par une société où interviennent des grands-parents, des frères et soeurs – comme le relevait Mme la ministre – , des amis, des rencontres, des chances tout au long de la vie, des enseignants, des moniteurs, etc.

La réflexion du législateur doit intégrer le fait que la construction de la famille implique nécessairement un parent, mais aussi toute une société : lorsque nous décidons de faire famille, nous faisons également société. Nous devons donc rejeter ces amendements, car rien ne devrait nous donner la prétention de l'interdire.

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