Intervention de Joachim Son-Forget

Séance en hémicycle du mercredi 25 septembre 2019 à 21h30
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoachim Son-Forget :

Il y a, en quelque sorte, deux façons de voir les choses. Beaucoup d'entre nous ont tendance à voir les futurs enfants nés de PMA comme de potentielles victimes. Je connais la quête identitaire que peut avoir un enfant adopté, puisque j'en suis un, et les questions que mon épouse a pu se poser lorsqu'elle était toute jeune, sa mère s'étant retrouvée veuve, à l'âge que j'ai aujourd'hui, à la suite du décès de son mari, mort d'un infarctus, avec deux filles à sa charge. Je connais, dans mon for intérieur, les questions que l'on se pose en pareil cas et connais aussi la difficulté de la quête identitaire, tout en me disant, parfois, que nous ne nous en sommes pas si mal tirés.

L'autre façon de voir les choses est de considérer que les victimes potentielles ne sont pas les enfants nés de PMA, mais les autres : les enfants qui, dans un futur proche, verront le jour de façon naturelle ; ces enfants qui pourront reprocher à leurs parents, dans quelques années, d'avoir été conçus selon les lois du hasard, quand les autres auront pu faire l'objet d'une sélection, donc naître avec les meilleures aptitudes et bénéficier des meilleurs remaniements biotechnologiques.

Savez-vous qu'il est déjà possible, aujourd'hui, de former des embryons à trois patrimoines génétiques, comme ce fut le cas en 2016 aux États-Unis par la combinaison de l'ADN nucléaire des deux parents et de l'ADN mitochondrial d'un donneur ? Savez-vous qu'il est possible aussi de créer des gamètes artificiels ? Des modèles existent en effet à partir de cellules-souches de souris : qui nous dit que ces réalités ne seront pas, demain, celles de l'homme ? Qui seront alors les victimes ? Les enfants nés de façon naturelle ou les enfants nés de PMA, ou tous ces enfants ensemble ?

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