Intervention de Pascal Brindeau

Séance en hémicycle du jeudi 26 septembre 2019 à 9h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Brindeau :

Je suis également défavorable à l'ouverture de la PMA aux personnes transgenres, comme aux femmes seules et aux femmes en couple. Toutefois, je reconnais l'absolue cohérence de celles et de ceux qui ont déposé ces amendements au nom des principes de non-discrimination et d'égalité : cet argument est à peu près imparable, dès lors que nous transformons une technique au départ médicale en technique sociale permettant de faire droit à un désir d'enfant.

On voit là l'engrenage inextricable dans lequel le projet de loi nous entraîne. Au nom de cette non-discrimination, au nom de cette égalité entre tous du désir d'enfant et de la capacité à élever un enfant quel que soit le genre des personnes qui l'élèvent, les mêmes personnes, qui ont déposé ces amendements, devraient en déposer d'autres, visant la multiparentalité.

Ce serait logique, puisque l'on se fonde sur la seule volonté, puisque vous voulez déconnecter la parentalité et l'état civil de toute vraisemblance et de tout semblant de lien avec la biologie. C'est d'ailleurs là, je crois, la raison pour laquelle le Gouvernement est défavorable à ces amendements : des problèmes liés à la filiation se posent déjà aujourd'hui dans le cas de parents transgenres. J'ai déjà cité hier un arrêt de la cour d'appel de Montpellier, qui a fait droit à la demande d'un homme devenu femme et qui, ayant participé à la procréation d'un enfant né avant le changement d'état civil, revendique le statut de deuxième mère de l'enfant. Que la jurisprudence traite de problèmes aussi particuliers et difficiles en matière de filiation me semble évident. En revanche, inscrire dans la loi de telles possibilités en adoptant ces amendements, ce serait, de facto, fabriquer des situations où l'état civil et la filiation seront contestables, et contestés, par l'un ou l'autre membre d'un couple qui, comme d'autres, pourra être amené à se séparer. De mon point de vue, ce n'est pas souhaitable : j'approuve donc la position du Gouvernement.

Toutefois, je tiens à souligner de nouveau la cohérence de ces amendements, lesquels sont déposés dans la logique qui est suivie par ceux qui soutiennent ce projet de loi et qui n'est ni la mienne ni de celle de nombreux députés ici.

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