Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du jeudi 26 septembre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Nous devons assumer notre part de responsabilité et explorer d'autres questions encore. Quelles limites fixons-nous ? Quelles limites respectons-nous ? Quelles limites acceptons-nous ?

Je l'ai déjà dit en commission, je suis troublé par toutes ces interrogations et mes réserves sont nombreuses.

Nous mettons le pied sur un terrain très glissant – en témoignent d'ailleurs les amendements visant à fixer une limite à cette pratique, sans savoir vraiment où la fixer ni pourquoi la fixer… On voit bien, en effet, qu'une telle mesure modifierait notre rapport à l'AMP : je pense notamment à la possibilité de suivre des logiques de gestion prévisionnelle.

Mon point de vue est cohérent avec ce que j'ai dit mardi soir lors de la discussion générale et avec les positions que nous défendons au cours de l'examen du texte. Contrairement à ce qui a été dit, le paradoxe serait encore plus fort si l'accès à l'AMP n'avait pas été ouvert aux femmes seules ; dans ce cas, toute insémination serait impossible, à moins que la veuve ne refasse sa vie, ce qui arrive et ce que nous pouvons d'ailleurs souhaiter à bien des femmes confrontées à cette situation. L'ouverture de l'AMP aux femmes seules, que nous avons décidée hier, est donc tout à fait cohérente.

Nous pouvons tous citer des expériences personnelles : bien des gens de notre entourage, quand ce n'est pas nous-mêmes, ont été confrontés à des difficultés de ce type. Ce qui me fait beaucoup réfléchir, c'est que l'AMP post mortem place la femme, ou plutôt le conjoint survivant, face à un dilemme extrêmement douloureux, vertigineux, d'une certaine façon cruel et peut-être même insoutenable. Nous voyons bien, déjà, les questions très délicates qui se posent aujourd'hui lorsqu'un conjoint décède alors qu'un enfant est en route, tant chez la personne concernée que dans sa famille et, plus largement, dans son entourage.

En définitive, il s'agit là d'une extension un peu exorbitante des capacités humaines, qui conduirait à faire naître sciemment un enfant d'un père décédé. Pour ma part, je crois que d'autres projets peuvent naître – nous les permettons d'ailleurs dans le cadre du présent projet de loi. Ces amendements soulèvent des questions de sens trop lourdes et trop de réserves pour me permettre de les voter.

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