Intervention de Dr Jérôme Chappellaz

Réunion du mercredi 18 septembre 2019 à 9h40
Commission des affaires étrangères

Dr Jérôme Chappellaz, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), directeur de l'Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV) :

Concernant l'évolution de la couche d'ozone, vous savez que l'évolution de cette couche est influencée par l'émission humaine de gaz qui comprennent des composés « halogénés », c'est-à-dire du brome, du chlore, de l'iode, du fluor. Le protocole de Montréal fait en sorte que nous sommes en train de diminuer ces émissions, ou en tout cas de les remplacer par des gaz beaucoup moins présents dans l'atmosphère, en beaucoup moins longtemps. Le processus de reformation ou de diminution du trou d'ozone est en cours. C'est en train de s'améliorer, mais lentement, notamment par le fait que l'ajout de gaz à effet de serre dans l'atmosphère contribue à refroidir la haute atmosphère, donc au-dessus de quinze ou vingt kilomètres, et à contrecarrer cet effet de diminution par la source. C'est en devenir et fortement surveillé par la communauté scientifique.

Sur le magnétisme, l'homme n'y peut pas grand-chose. Le magnétisme terrestre est essentiellement contrôlé par ce qui se passe dans le noyau terrestre – donc vraiment en profondeur –, par la dynamique du noyau terrestre et par l'activité solaire. En revanche, la question de la météorologie de l'espace est extrêmement importante. Là-dessus, les stations d'observation que nous mettons en place notamment dans les îles subantarctiques et en Antarctique sont extrêmement importantes. Nous avons besoin de transmettre aujourd'hui des données en temps réel à fort débit et à différentes fréquences pour anticiper les orages solaires et faire en sorte de protéger les systèmes de télécommunication mondiaux. C'est une tâche d'observation qui ne dépend pas de l'homme en tant qu'acteur, mais en tant qu'observateur et anticipateur.

Alain David a posé une question sur l'évolution de la banquise antarctique. D'abord, la banquise antarctique se comporte tout à fait différemment de la banquise arctique, puisqu'elle se défait et se forme chaque année. Il n'y a pratiquement pas de glace pérenne qui survit année après année. Les observations sont très disparates. Nous sommes en ce moment en train d'observer une tendance plutôt à la diminution. Nous ignorons si elle est solide ou pas. Il y a beaucoup d'observations aujourd'hui. C'est en devenir.

Sur la question concernant le niveau d'investissement français, pouvons-nous exister pour pas trop cher ? Oui, nous le prouvons depuis des décennies, mais tout système a ses limites. Aujourd'hui, il faut bien réaliser qu'en Antarctique, les nations sont en train de réinvestir, notamment la Chine très fortement. Cette dernière est en train de construire une cinquième station de recherche en Antarctique, et s'implante à peu près partout sur le continent. Nous sommes pays possessionné. Nous revendiquons la Terre Adélie. Cela se fait à condition de maintenir un minimum d'activité. Cette activité passe par nos recherches. Je souligne à cette occasion que je suis actuellement en contact avec la ministre de la recherche, Frédérique Vidal, qui envisage de venir en Antarctique au mois de novembre pour affirmer cette présence française par la recherche. Sauf cas de force majeure, nous aurons une présence du gouvernement, pour la première fois, une ministre du gouvernement français en activité en Antarctique. J'espère que nous allons y arriver.

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