Intervention de Pascal Teixeira Da Silva

Réunion du mardi 17 septembre 2019 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Pascal Teixeira Da Silva, ambassadeur de France chargé des migrations :

Sur la route de la Méditerranée occidentale, le nombre de migrants a baissé de 44 % depuis le début de l'année. Les effets de report de la route centrale sur la route occidentale ont été jugulés.

Concernant l'APD, un mot sur le ciblage. Je l'ai évoqué très brièvement et je prendrai simplement un exemple, celui de la région de Kayes, au Mali. Le Premier ministre malien était à Paris, il y a quelques jours. Kayes est une région traditionnelle d'émigration vers la France, avec des conditions environnementales naturelles assez peu favorables. Il dit qu'il faut faire un effort particulier sur Kayes, désenclaver, construire des voies ferrées, créer des activités génératrices d'emplois. Le ciblage sur les populations et les régions particulièrement affectées par la migration irrégulière existe.

Nous parlons d'aide au développement, mais il y a aussi l'enjeu de la gouvernance. Prenez certains pays d'Afrique de l'Ouest, avec des conditions, une taille et une situation géographique comparables, regardez leur gouvernance et leur taux d'émigration. Vous verrez que cela compte également.

Sur la réforme du régime d'asile européen commun, la position française est celle de la solidarité mais aussi de la responsabilité des pays de première entrée, avec l'objectif de juguler des mouvements secondaires qui sont l'un des problèmes dont la France est particulièrement victime.

Sur les déplacés climatiques, je rappelle qu'il en est question dans le pacte mondial. S'agissant des causes des migrations, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit le professeur Héran. La mono-causalité n'existe pas et il y a une très grande combinaison de facteurs. Ne touchons en aucun cas à la convention de Genève ! Si nous rouvrons ce débat, le résultat sera absolument désastreux, parce que le consensus n'existe plus. Les déplacés climatiques existent, mais c'est un phénomène généralement proche et régional. Je ne crois pas que la migration internationale lointaine soit véritablement la réponse appropriée.

Concernant les étudiants venant d'Afrique, nous savons très bien que certains restent en France et que c'est une perte. Deux pôles universitaires, l'un franco-sénégalais et l'autre franco-ivoirien, sont en cours de construction, afin d'avoir un niveau d'enseignement référencé et des options d'études sur place, qui seront moins coûteuses. Il faut considérer la formation des élites africaines en sortant du vieux schéma de pensée selon lequel plus nous faisons venir d'étudiants étrangers, mieux c'est. De ce point de vue, il faut être plus imaginatifs que nous avons pu l'être.

Le taux de délivrance des laissez-passer consulaires par le Mali est de 76 % depuis le début de l'année en cours.

Concernant le retour volontaire aidé et la réinstallation depuis la Libye et le Niger, les opérations sont en cours, avec des chiffres qui restent modestes. Il y a eu environ 4 000 réinstallations de réfugiés depuis la Libye, et, depuis novembre 2017, 43 000 retours volontaires depuis ce pays vers les pays d'origine.

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