Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du mercredi 2 octobre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 3

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Je trouves ces amendements assez graves. Nous avons souhaité consacrer un nouveau droit individuel pour des enfants qui, aujourd'hui, ont un blanc dans leur récit et sont en demande d'information. Toutes les auditions que j'ai faites avec des enfants nés du don me conduisent à penser qu'une fois ce droit ouvert, tous ne l'activeront pas. Ce qui compte, c'est de savoir qu'on peut le faire. Parmi ceux qui l'activeront, beaucoup se limiteront peut-être aux données non identifiantes parce qu'en réalité, ils n'ont pas besoin d'en savoir plus.

Je reviens sur une idée évoquée tout à l'heure : le fantasme qu'un enfant viendrait frapper à la porte d'un donneur potentiel. Je rappelle d'abord qu'une commission accompagne les demandes, composée de psychologues, de magistrats. En aucun cas, un enfant ne frappera à la porte de qui que ce soit !

Mais ce qui est encore pire avec ces amendements, c'est qu'en les adoptant on ne consacrerait pas seulement ce droit individuel : on forcerait tous les enfants qui ne veulent pas savoir, parce qu'ils s'en fichent, parce qu'ils sont remarquablement bien construits, parce qu'ils considèrent que la façon dont ils ont été élevés par leurs parents les a rendus suffisamment solides, à être informés de l'existence d'autres enfants nés grâce au même donneur, voire à être mis en contact avec eux. L'effraction est énorme ! Ces enfants n'ont rien demandé. Ils sont issus d'un don, et pourraient se retrouver mis en relation avec d'autres enfants qui, eux, ressentent je ne sais quel besoin de reconstruction à l'intérieur de leur récit personnel. Ce serait aller beaucoup trop loin dans la loi, et je suis fondamentalement défavorable à ces amendements.

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