Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 3 octobre 2019 à 9h00
Coopération et intégration franco-allemandes — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Pour ma part, je suis contre, et vous pouvez entendre une voix qui défend, de manière absolument implacable, l'unité et l'indivisibilité de la loi, parce que quand elle n'est plus une et indivisible, c'est généralement aux dépens du code du travail et cela se traduit par des droits différenciés pour les travailleurs ; nous ne le savons que trop bien.

Le même traité prévoit une intégration accrue et accélérée dans l'OTAN – Mme la rapporteure ne l'a pas nié. C'est le but de l'article 4, qui arrime l'Europe de la défense à l'OTAN et fixe l'objectif d'un renforcement de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique.

Après que le Président de la République a opposé son veto à la nomination de M. Manfred Weber, conservateur allemand, président du Parti populaire européen – le problème n'est pas qu'il soit allemand mais qu'il soit conservateur – , c'est Mme Ursula von der Leyen qui a été élue à la tête de la Commission européenne. Or elle n'a jamais caché ses opinions politiques fondamentales, en ce qui concerne tant les Français que les alliances. Dans une tribune qu'elle a publiée, non seulement Mme la présidente de la Commission a réaffirmé pour la énième fois le lien entre l'OTAN et l'Europe, mais elle a indiqué clairement quel était l'objet de ses préoccupations : la Russie. Elle a demandé qu'on installe une présence militaire jusque dans les pays baltes et aux frontières de la Russie, ce qui est une aberration.

La première fois où je vous l'ai dit, vous avez été nombreux à protester. Depuis lors, le Président de la République a repris une formule qui était la mienne, à savoir que la Russie n'était pas un ennemi mais un partenaire. J'espère donc que, dorénavant, on va voir les choses différemment et considérer que la Russie ne peut pas être un ennemi, mais est obligatoirement, pour les Français, un partenaire. Chaque fois que nous avons fait autrement dans l'histoire, cela a mal tourné pour nous.

Notre intérêt fondamental est de n'avoir jamais d'opposition avec la Russie, et j'ajoute : quel que soit le gouvernement en place dans ce pays. Si le général de Gaulle a réussi à s'entendre avec Staline, peut-être pouvons-nous au moins nous comprendre, Poutine et nous. La nature d'un régime ne doit pas intervenir – ou alors rarement – dans la détermination par la France de sa stratégie internationale de la France. Sinon, dites-moi ce que nous foutons avec l'Arabie Saoudite ! Il est très dangereux de mettre le doigt dans l'engrenage d'une hostilité de principe à la Russie.

Je trouve tout aussi déplorable que la même présidente de la Commission ait fait un clin d'oeil à l'AFD et aux autres partis de cette nature en Europe en créant un poste de commissaire européen chargé des migrations et de la « protection du mode de vie européen », ce qui dit, dans des termes à peine euphémisés, quelque chose d'insupportable pour nous tous.

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