Intervention de Patrick Hetzel

Séance en hémicycle du jeudi 3 octobre 2019 à 9h00
Coopération et intégration franco-allemandes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Hetzel :

Ce jour est important pour la relation franco-allemande, n'en déplaise au président Mélenchon. L'examen du traité d'Aix-la-Chapelle est l'occasion de saluer le travail accompli, mais aussi de dresser les grandes lignes du travail à venir.

Le travail très important réalisé au cours des dernières décennies en faveur de la coopération franco-allemande constitue un acquis précieux ; nous devons désormais aller plus loin encore. Conclu en 1963, le traité de l'Élysée – non pas le traité de Versailles, comme certains l'ont dit – s'inscrivait pleinement dans une volonté de réconciliation franco-allemande. Sa double signature par l'État français et l'État allemand, représentés par le président de Gaulle et le chancelier Adenauer, était un symbole annonciateur de la dynamique réelle et positive qui s'est ensuivie, et dont nous sommes indiscutablement les héritiers. Nous devons être dignes de cet héritage, en comprendre l'origine et les motivations, afin de le faire fructifier et de transmettre aux générations futures le précieux bien, légué par nos prédécesseurs, que constitue la paix entre nos deux nations. Entre la France et l'Allemagne, il n'y a eu que trop de guerres.

Ma famille politique s'inscrit sans ambiguïté dans cet héritage. C'est la raison pour laquelle nous avons soutenu sans réserve l'accord parlementaire franco-allemand signé en début d'année, de même que nous soutenons le traité d'Aix-la-Chapelle – même si nous déplorons qu'il n'aille pas assez loin dans certains domaines, qu'il en reste parfois aux incantations au lieu de proposer des actions concrètes au service des citoyens français et allemands.

Les questions que se posent nos concitoyens au sujet de ce traité intergouvernemental de coopération entre la France et l'Allemagne sont les suivantes : est-il utile ? Apportera-t-il une pierre supplémentaire à l'édifice existant ? En quoi améliorera-t-il notre quotidien ?

Après tout, le traité de l'Élysée a bien fonctionné pendant plus d'un demi-siècle, et son contenu était assez simple : création de l'Office franco-allemand pour la jeunesse en vue d'intensifier les échanges entre les jeunes des deux pays ; affirmation solennelle de la volonté de coopérer le plus étroitement possible dans un vaste champ allant de la politique économique aux affaires internationales et à la défense ; mise en place d'un calendrier fixant des rencontres fréquentes et régulières entre les responsables gouvernementaux des deux pays.

Il en a découlé une pratique très utile de concertation quasi permanente entre les gouvernements allemand et français, qui a souvent permis de rapprocher des positions a priori différentes et, plus encore, de faire émerger des compromis à l'échelle européenne – car le couple ou le moteur franco-allemand est bel est bien une réalité.

Le traité franco-allemand signé à Aix-la-Chapelle ajoute certes de nouveaux domaines de coopération, mais sa portée reste mineure par rapport à ce qui a déjà été construit grâce au traité de l'Élysée. L'ambition aurait pu être plus grande. La chancelière Merkel l'a d'ailleurs dit à Aix-la-Chapelle le 22 janvier dernier : « La question décisive sera de savoir si, derrière ce traité, il y aura bien la volonté de le faire vivre, ainsi qu'une véritable ambition. »

Cette ambition, il faudra donc la faire vivre. Or la coopération franco-allemande en Europe a souvent été le théâtre de conflits d'intérêts et d'idées – à cet égard, certains arguments du président Mélenchon sont pertinents. Parfois même, les problèmes de politique intérieure ont bloqué la recherche de solutions communes.

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