Intervention de Philippe Berta

Séance en hémicycle du vendredi 4 octobre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 14

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Berta, rapporteur de la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique :

Je vous remercie, monsieur Hetzel, d'avoir cité deux de mes anciens employeurs pour lesquels j'ai la plus grande admiration. Terminons, si vous le voulez, ce débat que nous avons déjà eu il y a quinze jours. Vous faites sans doute allusion à un criblage pharmacologique à haut débit effectué à Genopole par mon collègue et ami Marc Peschanski, qui a permis de trouver, grâce à ces cellules souches, des solutions contre la dystrophie myotonique de Steinert – de manière totalement surprenante pour les scientifiques que nous sommes, puisque c'est l'action d'une vieille molécule utilisée comme antidiabétique, la metformine, que ce criblage à haut débit a permis de mettre en évidence.

Vous m'avez dit : « Vous le savez » au sujet des cellules IPS – je ne sais pas ce que je suis censé savoir. Ce que je sais, c'est que les cellules IPS sont le produit d'une injection de quatre gènes : le gène c-Myc, le gène Sox2 et deux autres gènes dont le nom m'échappe, je le reconnais. Ces gènes codent pour des facteurs de transcription oncogènes, du grec onkos, cancer. Pour l'instant, nous n'avons pas la maîtrise exacte des cellules IPS.

Bien sûr, nous rêvons tous de porter notre propre outil cellulaire dans une cellule de peau ou dans quelques cellules circulantes. Mais entre ce rêve ouvert par le docteur Yamanaka en 2012 et la réalité, il y a encore énormément de travail. Et la conclusion de ces travaux sera peut-être que nous ne pourrons jamais substituer les cellules IPS aux cellules souches : nous sommes aujourd'hui à un stade très amont de la recherche, il faut en permanence faire du comparatif. C'est l'objet de travaux menés dans de nombreux laboratoires, y compris dans notre pays.

Vous avez accusé nos chercheurs de ne pas travailler sur les cellules IPS ; moi qui les connais bien, je vous assure qu'ils veulent le faire. À l'heure actuelle, leurs travaux consistent à comparer les cellules IPS aux cellules souches embryonnaires. Enlevez-leur les cellules souches embryonnaires et ils devront de facto arrêter leurs travaux sur les cellules IPS car, pour l'instant, ces deux types de cellules ne sont pas substituables l'un à l'autre. Mais cela, vous refusez de l'entendre.

Les cellules IPS ne sont pas près d'être utilisées comme cellules médicament. Les cellules souches embryonnaires ont obtenu, après un longue procédure, la classification GMP – pour good manufacturing practices – qui autorise une telle utilisation. Peut-être que, dans dix ans, les cellules IPS l'obtiendront aussi. En attendant, je ne comprends pas pourquoi on s'interdirait de soigner avec des cellules souches embryonnaires. Ce serait quand même très stupide pour nos malades.

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