Intervention de Jean-Yves le Drian

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Jean-Yves le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Nous avons enfin besoin de clarté quant à ce que doivent être les grandes orientations de notre action. Aujourd'hui, un constat s'impose : les faits que j'ai décrits mettent en tension le système d'accueil et d'intégration que nous avons édifié. Si nous n'agissons pas, ce que nous risquons de perdre, c'est d'abord notre capacité à accueillir, dans les meilleures conditions, ceux qui ont droit à l'asile dans notre pays. Si nous n'agissons pas, nous risquons aussi de ne plus parvenir à intégrer à notre société ceux qui viennent d'obtenir la nationalité française ou un titre de séjour régulier.

Si nous n'agissons pas, nous risquons enfin de voir l'espace Schengen imploser et l'Europe se défaire. Dire cela, ce n'est pas jouer les Cassandre : ce risque n'a rien de théorique, c'est ce qui a failli se produire il y a quatre ans. Au plus fort de la crise, l'espace Schengen était en danger et, avec lui, la cohésion de l'Union européenne, donc son avenir. On dit souvent que l'Europe s'est construite dans les crises, et il est vrai que nous devons tirer toutes les leçons de 2015. Mais n'y voyons pas de fatalité : les Européens doivent pouvoir avancer ensemble sur ce sujet sans attendre qu'une nouvelle crise se profile.

Pour conjurer ce triple risque, il nous faut être à la fois efficace et juste ; notre approche doit être équilibrée, responsable et conforme à ce que nous sommes. Mais elle doit aussi être globale, c'est-à-dire qu'elle doit articuler toutes les politiques publiques pertinentes – le Premier ministre vient de le rappeler.

Une approche globale, c'est aussi une approche qui prend en compte l'ensemble des géographies concernées : d'abord pour agir le plus en amont possible, avec les pays d'origine et de transit ; ensuite, pour éviter les tragédies humaines, notamment en Méditerranée ; enfin pour mieux nous organiser au sein de l'Union européenne.

Je le disais : d'abord agir en amont est essentiel. Notre priorité absolue est donc de coopérer avec les pays d'origine et de transit pour maîtriser les flux de migration régulière et irrégulière vers notre pays. C'est pourquoi nous devons utiliser tous nos instruments de dialogue politique, d'échange technique et toutes les politiques pertinentes pour mettre en place, avec les pays du Sud, et en premier lieu avec les pays africains, un partenariat axé sur la transparence et la réciprocité des engagements.

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