Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Si un enjeu doit nous rapprocher, c'est d'apprendre à gérer ce phénomène, puisqu'il n'est pas une crise, ni même un problème, mais un état de fait. C'est la première fois qu'un débat sur l'immigration rassemble autant de membres du Gouvernement, représentant autant de secteurs : ce qui confirme la nécessité d'une stratégie globale, débattue publiquement, choisie publiquement.

Je souhaite d'ailleurs, monsieur le Premier ministre, que ce débat puisse avoir lieu tous les ans, afin de ne pas laisser l'impression qu'il y aurait quoi que ce soit à cacher, mais au contraire manifester une volonté de bâtir quelque chose en commun.

Cette volonté doit d'abord s'inscrire dans un cadre européen : vous l'avez dit, je n'y reviendrai donc que brièvement. Nous avons tant tardé à partager la garde de nos frontières extérieures ! Nous ne l'avons fait que face à la crise migratoire liée aux événements en Irak et en Syrie. Le manque de volonté politique de ceux-là mêmes qui contestaient l'Europe, et lui contestaient la possibilité de protéger nos frontières, a plongé nos pays dans une crise dont certains ont bien du mal à sortir – je pense évidemment, monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à nos amis italiens.

Au droit d'asile qui doit être harmonisé sur l'ensemble du continent européen, aux pays sûrs, aux délais de traitement – monsieur le Premier ministre, vous me permettrez de dire qu'ils sont bien sûr liés au nombre de demandes d'asile, mais également aux moyens que nous y consacrons, et la volonté politique me semble indispensable en la matière – s'ajoute un problème national que personne encore n'a évoqué, concernant Dublin.

Si, aujourd'hui, 30 000 à 40 000 personnes ayant fait une demande d'asile dans un autre pays viennent en faire une autre en France sans que nous ne puissions le leur refuser, c'est que notre Constitution, dans son Préambule de 1946, nous oblige à examiner une demande même si elle a été rejetée par des pays amis. Seule une révision de ce Préambule nous donnerait la possibilité d'éviter ces « doubles dublinés », dont le cas est propre à la France ; il faut le dire aux Français, et notre Parlement doit s'en saisir.

Nous devons enfin, monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, renforcer notre aide au développement, ce qui nécessite encore des moyens, mais des moyens européens. Des pays s'en exonèrent : il y a quelques années, les Danois pensaient que les problèmes de l'Afrique n'étaient pas leurs problèmes ; la crise migratoire leur a démontré que le développement de l'Afrique les concernait tout autant que l'Italie, l'Espagne ou la France.

Il faut aussi savoir mettre pour condition à cette aide au développement une totale coopération de ces pays à la réadmission de leurs ressortissants lorsque ceux-ci ne sont pas admis en France. Certains pays que nous aidons, malheureusement, « jouent sur les bordures » en la matière.

Soyons objectifs : M. le ministre de l'intérieur, je crois, a évoqué tout à l'heure les différentes catégories de visas que nous accordons. Passons rapidement sur les 83 000 étudiants, indispensables, et qui participent au rayonnement de la France quand ils retournent chez eux.

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